Est-il admissible de continuer à désigner une cité par l'entreprise qui l'a réalisée ? Les citoyens se plaignent des retards dans la distribution du courrier. La poste, elle, se défend et décline sa responsabilité...Entre ces deux positions, le problème d'une ville sans âme se pose. Le chef-lieu de la wilaya de Bouira s'agrandit. Cette évolution ne se fait pas sans quelques répercussions négatives sur l'ensemble des agglomérations de la wilaya. Parmi les plus en vue, la distribution du courrier. En effet, tout le monde se plaint de ne pas recevoir ses envois dans des délais raisonnables. La lettre qui met plus de 15 jours pour parvenir n'est plus une anecdote mais un fait banal. En écoutant les diverses parties incriminées dans cette histoire le problème n'est pas à mettre à l'actif du jeune facteur, mais se situe à un autre niveau. «Une adresse, ce n'est pas un nom, un prénom et 1100 logements», nous dira un responsable des postes, «c'est une affiliation, un quartier, une rue, un numéro, un quartier, un numéro d'habitation et pourquoi pas une boîte aux lettres...Actuellement, la très grande majorité des cités à Bouira se définissent pas des chiffres, cité des 1100, des 50, des 70/400, des 280 Cnep...Comment alors se retrouver dans ce labyrinthe?». Même les cités déjà baptisées sont sujettes à réflexion. La cité du 17 février, anciennement des 120 logements, n'est pas connue par ses occupants qui empruntent l'ex-dénomination par ignorance. La cité ITE devenue cité des 50 puis Soummam pour enfin s'appeler cité Rezine, est une autre preuve du bricolage qui caractérise l'opération. Est-il admissible de continuer à désigner une cité par l'entreprise qui l'a réalisée, comme c'est le cas de la cité Sorecal ou Ecotec? Ces exemples sont insignifiants comparés à un projet implanté, par tranche, dans différents quartiers de la ville. L'exemple des 400 logements dont une partie est domiciliée à l'ex-cité Ouest (70/400), une autre sur le site de l'ancien marché (70/400) complique la tâche des distributeurs et discrédite la poste, souvent montrée du doigt. N'est-il pas urgent de mettre de l'ordre dans la demeure? A défaut de nommer les quartiers par des noms de chouhada, il est peut-être plus pratique de redonner à chaque site son ancienne appellation. Recourir à cette solution permettra aux jeunes de comprendre leurs aînés quand ces derniers relateront l'histoire de cette ville. Au lieu de dire: la cité des 280, que personne ne connaît, il suffit de dire Aïn Graouche, ou le marché (souk) pour que tout le monde trouve un repère: la sortie sud-est de la ville. A la place des 250, parlons de la cité Champ des baraques...Cette décision, même si elle n'est pas la solution, atténuera considérablement les peines des citoyens qui, parfois, ratent des rendez-vous importants pour cause de non-réception du courrier. Tout en pensant à l'avenir, nous pouvons garder une trace du passé et l'apprendre à nos enfants.