Au lendemain du conclave de Fréha, le mouvement citoyen soulève au sein de la classe politique bien des appréhensions. Certains vont même jusqu'à entrevoir une éventuelle formalisation du mouvement en un puissant levier «électoral». Le conclave de Fréha, dans les Ath-Djennad, a donné un coup d'accélérateur au mouvement citoyen, l'engageant dans la voie de la sagesse et du dialogue. Ce qui est certain, c'est le ouf de soulagement poussé par la population, qui a longtemps attendu une issue au problème. Il n'est pas question ici de revenir sur le bien-fondé de l'ire populaire ou encore de délivrer un quelconque «satisfecit» aux protagonistes, des erreurs étant commises de part et d'autre, sauf que si le peuple peut commettre des impairs, les services qui sont, en principe, l'expression de sa volonté, ne peuvent et ne doivent que servir la loi. Ainsi, et malgré tout, on peut dire que le mouvement citoyen s'en est sorti pratiquement indemne d'une gestion, aussi longue que terrible, de la colère populaire. Appréhendant l'après-5 octobre, jour fixé pour la remise de la plate-forme d'El-Kseur, les observateurs pensent aux tentations qui pourraient se faire ce jour-là à l'approche des élections. Le code d'honneur, adopté aussi bien par la Cadc de Tizi Ouzou que par l'interwilayas, résisterait-il à l'appel de certaines «sirènes»? Si les partis, ayant un ancrage en Kabylie laissent transparaître une certaine sérénité, il ne semble pas qu'il en soit de même chez toutes les forces partisanes et même chez certains élus. Il est vrai que, depuis quelques mois, pour ne pas dire depuis toujours, les élus n'ont pas bonne presse. C'est de bonne guerre! Une APW ou encore l'APC d'une grande ville suscite toutes les tentations. Pour revenir au mouvement citoyen, et selon nombre de ses délégués, «après le règlement des points soulevés dans la plate-forme, notre mouvement qui n'a plus sa raison d'être, s'autodissout...». Est-ce là un voeu pieux ou seulement une dérobade? La réponse de Béjaïa, qui a vécu un éclatement en comité populaire et coordination intercommunale, est une preuve de la sincérité du mouvement. Mais, soutiennent certains, «les sirènes de la politique sont encore plus fortes que n'importe quel engagement». De nombreux délégués qui, selon eux, «n'aspirent plus qu'à la fin de ce bras de fer, et reprendre chacun ses occupations...». En revanche, notamment au niveau des villages, l'organisation actuelle, même une fois dissoute, pourrait jouer un rôle certain lors des futures élections et même après. Le mouvement «forcerait» ainsi, y compris les partis bien implantés, à envisager «la politique» autrement.