Huit ans après sa disparition, il «revient cette semaine» nous rappeler l'incommensurable perte qu'a connue le 4e art... On dit souvent que tout est dans les yeux...Azzedine Medjoubi savait, par le feu incandescent qui brûlait au fond de ses prunelles, incarner tous les rôles. Huit ans après sa tragique disparition, son souvenir est rappelé à notre mémoire par le truchement de quelques activités culturelles commémoratives organisées çà et là. Pour rendre hommage au grand dramaturge qu'il était, le centre culturel, situé à 100 m plus haut de la salle Harcha, récemment inauguré et baptisé à son nom, a abrité, dimanche dernier, une exposition photographique sur initiative du théâtre de Béjaïa. Une dizaine d'images en noir et blanc paraphées avec émotion: «Le grain de ta voix grave n'essaimera plus nos rêves». Des extraits de la pièce Hessar Stan adapté du Journal d'un fou de Gogol qui dévoilait tout le talent expressif de feu Azzedine Medjoubi. A l'étage au-dessus, trois figures de proue de la Radio algérienne, précisément de la Chaîne III, à savoir Leïla Boutaleb, Djamel Amrani et Zahia Yahi, actuel chef de cabinet au sein du ministère de la Culture et de l'Information, s'évertuaient et ce, à la lueur de quelques bougies qui éclairaient la salle, à déclamer quelques vers et nous lire quelques extraits choisis des plus belles oeuvres que connaît la littérature algérienne, notamment celles de Mohamed Dib, Jean Sénac, Kateb Yacine en passant par Anna Gréki ou encore Nourredine Titafi et puis Samira Negrouche, poète de la nouvelle génération. Ses amis, des intellectuels comme Sid Ahmed Benaïssa, directeur du théâtre de Sidi Bel Abbes et metteur en scène, l'artiste peintre Arezki Larbi et bien d'autres ainsi que ses proches, à l'image de son épouse Amina Medjoubi, se sont retrouvés ici pour goûter à la profondeur de ces vers. Et se remémorer hélas, le triste et amer souvenir de son assassinat. Du verbe accablant mais rassérénant qui dit «le bonheur perdu, le dégoût du sang ou encore l'espoir...» Une atmosphère intime, de recueillement traduisait par la voix pénétrante des orateurs, toute la gravité de la perte de cet être cher. Un grand monsieur tombé sous des balles assassines un certain 13 février 1995, un an seulement après avoir été nommé à la tête du Théâtre national d'Alger. Une fonction qu'il a accepté d'endosser à une période où l'Algérie traversait une crise multidimensionnelle, tant sur le plan politique que culturel. Un génie de comédien qui excellait dans sa façon de nous éblouir, nous capter et nous séduire. Par amour seulement des planches et du public. Un être qui nous manquera à tout jamais, car des gens de sa trempe il n'y en a pas beaucoup... «La mort a tué l'exaltation du rêve dans la plus haute écume de mer. Quel fruit matinal prendra sa forme à partir de toi?» écrit Djamel Amrani dans En contemplant le triste obscurcissement du soir le 15 février 1995. Présent dans les coeurs et les esprits, qui a dit que le génie disparaissait après sa mort?