L'idée projette d'aller au-delà de la platitude et des simagrées de culture. Le projet s'appelle La Veduta. C'est un dispositif constitué de deux écrans grand format disposés dans chaque port (Alger et Marseille) relayés par un système sonore. Son intérêt est de susciter un champ d'interaction social pouvant être appréhendé directement sur la place publique La Veduta comprend également un jeu d'unités audiovisuelles qui, elles, seront installées dans plusieurs lieux de chacune des deux villes (espaces culturels, associatifs, cybercafés, rues...). Le quartier du Panier à Marseille comme celui de La Casbah à Alger semblent les plus appropriés pour accueillir cette unité audiovisuelle. Aussi le monde virtuel devient-il réalité. Durant la journée, chacun des deux écrans grand format placés aux abords de chaque port diffuse l'image de l'autre lieu en direct. Tandis que les unités audiovisuelles, disposées à l'intérieur de chacune des deux villes, permettront à des personnes situées à chaque extrémité de se voir et de se parler ou tout simplement de regarder les passants et entendre les sons produits par la vie de l'autre ville. Techniquement la transmission des images s'effectue à l'aide de caméras vidéo afin de permettre une diffusion en temps réel et de créer des liens. L'idée lancée par un artiste franco-algérien, Djamel Kokene, projette d'aller au-delà de la platitude et des simagrées de culture, en se sens que La Veduta dépasse le caractère absolu et formel d'une proposition artistique. Pour l'artiste, il s'agit de constituer un outil de recherche et une dynamique de réflexion aidant à progresser dans la connaissance de l'autre. «C'est défier la politique qui porte en elle le principe de division et qui finit par favoriser l'essor ségrégationniste et empêche la circulation des idées», déclare Djamel Kokene. Conçu pour être une opportunité pour définir notre rapport à l'autre, l'idée de Kokene «ne vise pas à faire du social ou de l'humanitaire», mais un espace de confrontations avec «les territoires hétérogènes et oubliés de la Méditerranée (...) avec l'Arabe, le Maghrébin, les banlieues, le social et le politique». Notons enfin que ce projet est appuyé par des partenaires publics et privés, entre autres, les collectivités locales (villes de Marseille et d'Alger), les ministères de la Culture algérien et français, les ports de Marseille et d'Alger, les services culturels des ambassades, Arte, RFI, Beur FM, France Télécom (Wanadoo), Radio Soleil, Fondation d'entreprise France Télécom, le Centre culturel français d'Alger, la Cinémathèque d'Alger et la Poste centrale.