Musique n Prasada est une formation musicale œuvrant dans la pluralité et dans la différence. C'est un groupe aux voix venues d'ici comme de là-bas, car appartenant aux deux rives de la Méditerranée. Le groupe était, hier, mercredi, au rendez-vous à la salle Ibn-Zeydoun, et ce à l'occasion de la 8e édition du Festival culturel européen en Algérie. Le groupe, dont le concert était organisé par l'Institut culturel italien, s'est distingué par une prestation musicale et vocale (chant en arabe, en italien et en français) belle et de qualité. Mélangeant subtilement et avec beaucoup d'imagination les genres et les sonorités ainsi que les voix et les accents, il a assuré une formidable complicité musicale, une parfaite – et exemplaire – symbiose culturelle. Il a accompli ce que les politiques ne sont pas arrivés à faire: la cohabitation. Ainsi, le récital s'est avéré une authentique révélation du dialogue des cultures. Prasada, qui signifie en hindi «offrande», est constitué de huit instrumentistes dont un Algérien Bachir Garèche (percussion et chant) et un Marocain Jamel Ouassini (violon). Les six autres sont évidemment Italiens. Se situant à la croisée des musiques classiques et traditionnelles ainsi que des musiques modernes et contemporaines, le groupe s'implique dans un travail de recherche et d'expérimentation. Sur des musiques déjà existantes, il improvise [sur le tas et continuellement] une autre manière de les exprimer, de les dire. Il propose un itinéraire musical renouvelé, multiple et personnel. Il privilégie la découverte et la connaissance de l'autre, le rapprochement et donc le dialogue. Prasada œuvre dans les traditions musicales italiennes, maghrébines et donc méditerranéennes. «Prasada» est un spectacle qui s'inscrit dans «Alger, capitale de la culture arabe». Il se veut un «hommage à la culture arabe, car sans celle-ci la culture occidentale n'aurait pas existé», a déclaré Mario Paolini, directeur de l'Institut culturel italien, lors d'une conférence de presse qui a eu lieu dans la journée d'hier. Pour adhérer à l'événement, Mario Paolini a expliqué avoir contacté le groupe Prasada et lui a demandé de créer un spectacle qui rapproche les deux rives de la Méditerranée. «Je compte proposer ce spectacle à l'Institut culturel de Rabat (Maroc) et de Tunis (Tunisie), et aussi à Marseille», a-t-il indiqué, estimant que pareil projet aide à tisser des liens et à assurer le rapprochement des peuples et des cultures. Existant déjà comme étant une carrière et une expérience, Prasada est un projet culturel visant à promouvoir les rencontres. «Il faut avouer que c'est notre première expérience que de se mêler tous ensemble. L'idée est venue de ce désir de mélanger les cultures, les voix et les chants, et les musiques ; et c'est très intéressant et enrichissant de jouer les uns avec les autres, donc d'aller vers l'autre», a déclaré le groupe, précisant qu'en Italie, il y a un réel intérêt pour ce genre d'initiative. «Nous voulons favoriser les rencontres, privilégier les échanges et surtout jeter les ponts entre les cultures et, du coup, assurer le dialogue, et cela grâce à la musique qui, soulignons-le, est un langage universel et accessible à tous.» Prolongeant son action de rapprochement et de dialogue, Prasada envisage – comme projet – de mettre en musique les textes d'Ammar Lakhous (un écrivain algérien qui vit en Italie). Enfin, Prasada, qui a subjugué l'assistance, s'est voulu un moment, une action pédagogique et de sensibilisation. C'est un enseignement par la musique sur soi en rapport avec l'autre. Prasada s'ouvre comme un horizon pour dire en musique l'amour.