La face cachée du Monde est un livre par qui scandales et polémiques arrivent. La France, mais aussi le monde entier, assiste médusés aux échanges de «civilités» entre les auteurs d'un livre à scandales, et sans doute à succès, soutenu par l'hebdomadaire L'Express et le journal Le Monde. Le livre, La face cachée du Monde révèle sur 634 pages fracassantes des choses absolument incroyables et inattendues sur le premier journal de France, celui qui fait l'opinion en Hexagone, distribue les bons et les mauvais points à ses confrères, aux hommes politiques et même à la presse algérienne. Tout au long de la lecture de ce livre, dont de larges extraits ont été publiés par L'Express (ce ne seraient pas les passages les plus accablants, jubile Denis Jeambar, directeur de l'hebdomadaire). On y découvre un trio dirigeant Le Monde bien plus proche de la mafia traditionnelle ayant partie liée avec toutes les mauvaises affaires de la cité que des intellectuels, patrons de l'un des journaux les plus «indépendants» du monde. Un journal censé, jusqu'à la semaine dernière, être...au dessus de tout soupçon. Jean-Marie Colombani, directeur, président du directoire, et Alain Minc, président du Conseil de surveillance de la société des lecteurs, et Edwy Plenel sont dépeints sous un jour affreux, multipliant les actes de «rapine» journalistiques, les accointances avec des hommes politiques, ce qui est contraire aux principes fondateurs de ce journal et de son père fondateur et spirituel, Hubert Beuve-Mery, faisant travailler pour eux des policiers en dehors de leurs heures de service et induisant volontairement en erreur les lecteurs dans le cadre des règlements de comptes ou des services à rendre à certains puissants des arcanes décisionnels français, le tout allié à une gestion catastrophique qui aurait placé le journal dans une zone rouge sans que ses dirigeants veuillent le reconnaître. Portant plus loin son estocade, L'Express, qui s'est fait le «parrain» de ce livre et de ses deux auteurs, Pierre Péan et Philippe Cohen, a ouvert un forum dans lequel est littéralement annoncée la mort de ce prestigieux quotidien, se demandant seulement quel monde resterait après...Le Monde. Ce dernier a réagi hier dans une série d'articles BC-BG n'ayant pas de rapport commun avec le brûlot qu'est ce livre. Le Monde se défend mollement, demeurant confiant en ses capacités, ses lecteurs, son histoire, et les attaques plus ou moins similaires subies par lui depuis les années 50, explique-t-il. C'est une sorte de force tranquille, vaguement méprisante, qu'essaye de mettre en exergue Edwy Plenel, directeur de la rédaction du monde, dans un long article intitulé, ironiquement, «Le Monde est-il un danger pour la démocratie?». Sans doute appartiendra-t-il à chacun d'apporter sa propre réponse dans ce débat où les autres médias, RSF et les partis politiques demeurent en retrait, par peur des représailles, préviennent les auteurs de La face cachée du Monde. Une chose est sûre, toutefois, l'une des plus vieilles démocraties du «monde» n'a pas de grandes leçons à nous donner en matière de libertés et d'indépendance de la presse. Et si les complexes changeaient enfin de camp...