Du simple compte rendu au commentaire, ce débrayage a été traité par les médias étrangers. Le quotidien français Le Monde a titré dans son édition d'hier, «Une grève générale paralyse l'Algérie». Le journal annonce que cette mobilisation de deux jours «vise à dénoncer la politique de privatisation du gouvernement et à réclamer une revalorisation du pouvoir d'achat des travailleurs». A travers cette grève, «la troisième du genre en Algérie après celles de mars 1991 et de février 1996», l'Ugta, «très implantée dans le secteur public, encore dominant en Algérie», reproche au gouvernement son «manque de transparence» dans la privatisation des nombreuses sociétés publiques, issues du socialisme d'Etat qui a régi l'économie algérienne pendant plus de 35 ans, écrit Le Monde qui rapporte que le Chef du gouvernement, Ali Benflis, a affirmé au premier jour de la grève que le gouvernement est «pleinement conscient de l'impératif d'un consensus pour toutes les actions qui concernent la mise en oeuvre du programme de privatisation». «Le gouvernement a de tout temps fait et fait encore du dialogue permanent et responsable la pierre angulaire de sa stratégie qui fonde ses politiques sociales», a indiqué M.Benflis, réagissant à ce mouvement de protestation. Son confrère Le Figaro a parlé, lui, du «succès de la grève générale à Alger» en notant que la grève générale lancée par la puissante Centrale syndicale de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) «a été largement suivie hier (Mardi ndlr) en Algérie». Les transports, notamment aériens, étaient en grande partie paralysés hier matin, ainsi que le secteur bancaire, les lycées et les écoles, note-t-il encore. Le quotidien arabophone Al-Hayat paraissant à Londres, a annoncé, de son côté, que «la paralysie est générale en Algérie dans la plus grande grève ouvrière». Le correspondant d'Al-Hayat à Alger a rapporté en se basant sur une source syndicale que la grève de l'Ugta «ne vise pas le gouvernement dans sa volonté d'appliquer les réformes», mais elle vise «la politique de certains ministres qui ont éloigné le syndicat des projets qu'ils confectionnent avec des bureaux d'études étrangers». Toujours selon la même source, «les critiques du syndicat visent un nombre de ministres et de responsables parmi eux Chakib Khelil pour le projet de nouvelle loi sur les hydrocarbures limitant le rôle de l'Etat dans les puits pétroliers, et Abdelhamid Temmar pour les contradictions dans ses déclarations sur la politique de privatisation et l'ancien ministre et actuel conseiller à la présidence de la République pour la privatisation du secteur monétaire sans concertation avec le syndicat». L'article du correspondant d'Al-Hayat annonce au passage que, selon des sources informées, «la présidence de la République a donné son accord pour l'augmentation des salaires des fonctionnaires de l'armée à plus de 50%, ajoutant que le président de la République a signé récemment un décret officialisant ces augmentations qui sont interprétées comme un appel du pied aux chefs de l'armée et à ses officiers». Enfin, l'autre quotidien arabophone londonien Azzamen s'est contenté, lui, de traiter la question de la grève sous l'angle des partis politiques algériens, tels le MSP, le FLN et le PRA. Sous le titre «partis algériens: non à la politisation des grèves ouvrières», ce quotidien a repris de larges extraits de la déclaration du porte-parole du Mouvement de la société pour la paix (MSP) sur la grève générale de l'Ugta qui, sans s'y opposer, ne craint pas moins «la politisation de la grève», appelant pour ce faire au «respect des revendications professionnelles et sociales des travailleurs».