Depuis quelque temps, la résidence universitaire de jeunes filles, Hasnaoua II, communément appelée Bastos, vit sur une poudrière. Agitation islamiste, intrigues administratives et manoeuvres politiciennes font que ce campus, qui accueille plus de 8000 étudiantes, est constamment en effervescence. Tout a commencé au début de l'année universitaire en cours, lorsque des résidentes, proches de l'Ugel, agressent d'autres étudiantes pour s'opposer à l'élection d'un nouveau comité de la résidence. A cette époque l'élection d'un nouveau comité s'imposait, puisqu'une pétition comportant 3700 signatures désavouait l'ancien comité, coupable, selon les initiatrices de la pétition, d'éloignement des préoccupations et du quotidien amer des résidentes. Appâtées par le désir de faire main-basse sur le campus, les étudiantes islamistes entrent en scène. Le jeu en valait vraiment la chandelle. La machine intégriste se met alors en branle. Violence, manipulations, agressions, tous les coups étaient permis pour éloigner les 35 autres candidates. Cependant, l'AG s'est tenue quand même au mois de janvier dernier, mais n'a pas atteint son terme. La tension monte et une bataille rangée oppose les deux camps. L'administration, qui ne reconnaît aucune des deux structures, intervient et suspend l'opération de vote, après trois tentatives avortées d'élire un nouveau comité. Désabusées, les étudiantes réclament un comité autonome représentatif de la résidence, loin de toute manipulation politicienne. A ce titre, certaines étudiantes vont jusqu'à dire que l'épouvantail islamiste n'est qu'un leurre brandi par l'ancien comité, connu pour ses positions proches d'un parti politique de la région, en vue de maintenir son hégémonie sur la résidence Bastos. C'est dire que le contrôle des comités estudiantins est très convoité par les cercles politiques. Aujourd'hui encore, la situation demeure toujours tendue. La semaine dernière, une étudiante «démocrate» avait été agressée par une autre étudiante de l'Ugel, lors d'un gala organisé à la cité. Devant ce dérapage, l'administration, qui semble dépassée par la tournure que prennent les choses, ou feint de l'être, a fait preuve de laxisme. Un constat qui tend à compliquer une situation au bord de l'explosion au campus Bastos.