A l'indifférence qu'affichait la population à l'endroit de la visite du président français dans notre pays et tout ce qui l'entoure en matière de manifestations et autres déclarations, s'est greffé, depuis hier, un sentiment de frustration qui en dit long sur les attentes de la population, mise en veilleuse par la protestation politique. En effet, un sentiment de laissé-pour-compte se laissait facilement deviner chez les citoyens qui, outre la libération des manifestants interpellés au premier jour de la visite, abordaient divers sujets liés au quotidien. A l'instar de certaines personnalités politiques, l'homme de la rue cachait mal un sentiment d'«isolement» né, essentiellement, du fait que de vieux projets destinés à la région ne soient pas évoqués par les officiels lors de cette visite d'Etat. «L'ouverture de centres culturels à Tizi Ouzou et à Béjaïa et la construction d'un consulat à Béjaïa» sont souvent citées pour illustrer cette frustration. Etant une région déshéritée, dont le sol ne nourrit guère son homme, la Kabylie a toujours été une région à forte émigration. La langue française est pratiquement parlée par tous. Ce sont, donc, là les quelques raisons objectives évoquées pour expliquer cette situation de scepticisme. Du coup, on n'a pas cessé de s'interroger sur cet état de fait qui a paralysé fortement la région, lorsqu'on sait l'importance de «ces vieux projets» dans la vie du citoyen. A Béjaïa, une seule bibliothèque existe et reste très limitée sur le plan qualité et quantité. Un Centre culturel français aurait été d'un apport considérable, estimaient plusieurs citoyens qui font preuve de «colère à l'endroit de ceux qui ont conduit cette région dans l'impasse». La Kabylie est aujourd'hui dans une situation que d'anciens qualifient de «catastrophique» pour non seulement les familles endeuillées, mais pour toute la population. On ne comprend pas surtout «cette anarchie» qui règne en maître.