La misère et le désoeuvrement ont débouché sur des fléaux insidieux, constate un document communiqué en exclusivité à notre journal. Selon le bilan 2002 établi par la cellule d'écoute et de prévention «Santé-Jeunesse» du Ciaj de Médéa effectué à partir d'un échantillon de 2645 jeunes (appels téléphoniques, visites), les abcès de la toxicomanie, de l'homosexualité -féminine et masculine - suppurent à travers la région. Quoique reflétant uniquement les seuls cas déclarés, ce document fournit des chiffres éloquents : difficultés psychologiques (37,92%), drogue (1.85%), homosexualité (1.32%), problèmes familiaux (14,44%), pathologies scolaires (16,41% ), alors que la prostitution primaire signalée en synthèse n'apparaît pas dans les pourcentages. En fait, à mesure que la misère augmente et étend ses tentacules à toutes les couches de la société, de plus en plus de jeunes franchissent la frontière qui les séparait encore de la délinquance, rejoignant ainsi les rangs de tous ceux dont la survie dépend de leur «habileté» au larcin. A Médéa, classée parmi les trois régions les plus pauvres et la plus touchée par le terrorisme, on estime que 35% des habitants vivent aujourd'hui au-dessous du seuil de pauvreté, 27% subsistent avec un peu moins de 30 DA/jour, tandis que près de 51% de bras actifs stagnent sur les voies de chômage, d'autant que 44 entreprises locales ont baissé rideau. La misère a donc engendre tant de maux sociaux, notamment chez les jeunes exaspérés qui déplorent l'absence de tribunes pour répercuter leur détresse. En aval, des déperditions scolaires qui ont pris les contours d'un véritable naufrage si l'on en croit des sources crédibles: 26,11% pour le 1er et second cycles, et 53,22% concernent le secondaire. Ce qui nous donne approximativement 3 944 et 3 833 élèves âgés de 13 à 17 ans grossissant chaque année le rang des chômeurs. Parfois au prix de lourdes conséquences. Dans ce registre, les 1,85% de drogués «déclarés» sur un carré de 2 645 adolescents laissent nécessairement présager l'étendue d'un fléau redoutable, par définition «secret» par crainte de représailles. Même si le poids du péché et de l'interdit masque l'homosexualité (1,32%) touchant indistinctement filles et garçons, «son étendue est inversement proportionnelle aux inhibitions sexuelles par manque de «soupapes» à l'énergie libidienne naturelle qu le jeune «consommera» sous forme d'homosexualité, de névrose obsessionnelle», nous dira un psychiatre. A travers ces problèmes psychologiques (37,92%) non répertoriés par le bilan, on relève en filigrane le transfert précoce de responsabilité : nourriture, abri, habillement reviennent à la charge de certains enfants. Les résultantes sont caractéristiques: mains tendues avec désespoir le long des trottoirs, vente de cigarettes et journaux etc. Chez les filles, c'est parfois la délinquance sous sa forme la plus infamante : la prostitution.