L'Etat traite sur un pied d'égalité une petite banque sans intérêt et un grand groupe. Le groupe Khalifa pourrait-il disparaître? Une telle éventualité aura de graves retombées sur le moral des Algériens et constituera donc un fait politique majeur. Le silence de Bouteflika sur le sujet appelle différentes lectures. Cependant, l'importance du dossier oblige une intervention salutaire de sa part pour permettre au groupe de fonctionner, parallèlement au règlement du contentieux entre El Khalifa Bank et la Banque centrale. Les conséquences d'une chute de l'empire Khalifa auront des répercussions sur les plans politique, économique et social. L'Algérie a connu, depuis l'ouverture démocratique, d'innombrables campagnes de dénigrement qui ont ciblé de nombreuses personnalités politiques et des opérateurs économiques, mais jamais une cabale n'a eu autant d'effet sur l'opinion publique que celle qui frappe ces derniers mois le Groupe Khalifa. En effet, les répercussions sur l'image de l'Algérie des déboires causés au groupe, n'ont aucune commune mesure avec les conséquences enregistrées à la suite de la campagne de presse ciblant Al-Shorafa ou Orascom Télécom Algérie. La tentative de mise à mort de ce qui passe pour le symbole du dynamisme économique en Algérie prend des proportions gravissimes au sens que le champ d'intervention du Groupe Khalifa se trouve être des secteurs d'activité hautement stratégiques, mais aussi de grands pourvoyeurs d'emplois. Entre la banque, la compagnie d'aviation et les autres filières du groupe, pas moins de 15000 Algériens ont un poste de travail. En quatre ans, le groupe se place comme le premier employeur privé du pays. Symbolisant la grande réussite dans un pays, jusque-là boycotté par tous les investisseurs nationaux et étrangers, Moumène Khalifa est devenu, par la force des choses, une personnalité incontournable dans le microcosme politico-économique algérien. Plus encore, en usant de son influence auprès des cercles médiatico-culturels français, il a réussi là où l'Etat a eu beaucoup de difficultés. En effet, le président de ce groupe, aujourd'hui voué aux gémonies, a participé à l'amélioration de l'image détestable que donnait d'elle l'Algérie durant la décennie 90. Il est incontestable que le travail accompli par le Groupe Khalifa ne peut être comparé à celui d'une petite PME qui, en raison de difficultés, est appelée à disparaître. Quand bien même le groupe serait en banqueroute, ce qui est totalement faux, selon des sources dignes de foi, il serait politiquement incorrect de le laisser se faner sans que l'Etat intervienne, dans une tentative de sauver les meubles.