Le ministre des Transports algérien a émis le souhait d'un retour de la compagnie française en Algérie. Le Président-directeur général de la compagnie aérienne française Air France, M.Jean-Cyril Spinetta, doit effectuer une visite de travail en Algérie, cette semaine, en prévision de la reprise des vols de la compagnie sur l'Algérie à partir du 29 mars prochain, avons-nous appris de source fiable. Pour rappel, le ministre des Transports, M.Abdelmalek Sellal a émis, lundi dernier, lors du forum économique algéro-français, le souhait d'un retour de la compagnie Air France en Algérie après la faillite de la compagnie Air Lib. La question de la reprise des vols d'Air France vers l'Algérie, après une suspension en 1995, en raison de la prise d'otages qui s'était terminée à Marseille, a fait l'objet de plusieurs annonces par les médias algériens sans pour autant se confirmer. Un quotidien national francophone a avancé, dans son édition du 23 avril 2002, qu'Air France est sur le point de reprendre ses vols vers Alger, dès le mois de juin et que la condition de la compagnie pour la reprise de ses vols, à savoir l'exigence d'assurer elle-même le contrôle de sécurité des embarquements, «n'est plus abordée». De plus, à la veille de la visite d'Etat du président français Jacques Chirac en Algérie, Mme Catherine Colonna, la porte-parole de l'Elysée, a déclaré le 28 février dernier, qu'une décision sur la reprise de la liaison d'Air France entre Paris et Alger «appartient à Air France». Elle a toutefois souhaité que les discussions «aboutissent le plus rapidement possible». Cependant, les spécialistes de ce dossier demeurent réalistes, voire sceptiques par rapport à une reprise rapide des dessertes du transporteur français vers l'Algérie. Selon eux, la question reste tributaire de deux éléments majeurs qui constituent autant de facteurs d'incertitude que la volonté politique, quand bien même partagée par les deux rives de la Méditerranée, trouverait du mal à dépasser. La première est relative à la guerre imminente contre l'Irak. Comme au lendemain de la guerre du Golfe en 1991, une éventuelle frappe militaire contre l'Irak risque de toucher de plein fouet le trafic aérien de l'Europe vers l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. A cette exception près, qu'en 2003, la France se trouve dans le camp des pays farouchement hostiles à la guerre contre l'Irak. L'autre aléa est en rapport avec la question des visas pour les Algériens désireux de se rendre en France. Air Lib a fait un chiffre d'affaires appréciable en très peu de temps essentiellement grâce à la manne des porteurs de valises qui continuent à faire des allers et venues entre les deux pays malgré la rareté des visas. A ce propos, Mme Colonna a rappelé que la France avait délivré 183.000 visas aux Algériens en 2002 et que les délais avaient été raccourcis. «Les attentes vont parfois au-delà de ce que l'on peut faire», a-t-elle avoué. Depuis le détournement de l'Airbus d'Air France (24-26 décembre 1994), la France a suspendu ses liaisons aériennes avec l'Algérie. Le 21 janvier 2001, un trublion nommé Air Lib effectuait le premier vol régulier d'une compagnie française vers l'Algérie depuis 1994. Cependant, cet intermède de très courte durée, a eu le mérite de battre en brèche le stéréotype de l'insécurité qui enserre les liaisons aériennes vers l'Algérie. Air France est une compagnie dont l'Etat français détient 54,4% d'actions. Récemment, il a été question de céder 30% des parts et d'en garder 15% pour ne pas entraver la démarche de la compagnie en faveur des alliances avec les autres compagnies. La privatisation d'Air France pourrait avoir lieu à la mi ou à la fin 2003 et la participation de l'Etat dans la compagnie serait réduite à un peu moins de 20 % du capital. Alors qu'était engagée sa privatisation, Air France annonçait qu'elle était toujours bénéficiaire, en dépit d'un environnement économique difficile. Pour le troisième trimestre de son exercice (d'octobre à décembre), la compagnie aérienne a réalisé un bénéfice net (part du groupe) de 2 millions d'euros, contre une perte nette de 131 millions d'euros un an auparavant.