Des danseuses, des enfants d'élus et des commerçants sans qualification parmi les bénéficiaires. La localité de Misserghine, près d'Oran, qui a vu la variété de mandarine, la clémentine, naître des manipulations du père Clément, est sortie ces derniers jours de l'oubli par la grâce de scandales du foncier agricole. Les langues se sont déliées pour parler des listes de bénéficiaires de terres agricoles de haute qualité dans le cadre de la Générale des concessions agricoles (GCA). Des listes truffées de noms qui n'ont pas accès à ce genre de droit. Pour comprendre la genèse du scandale qui a frappé la localité de Misserghine, il faudrait revenir à la période de la gestion de l'APC par les élus du RND. Ces derniers ont dilapidé les deniers publics avant de s'attaquer au dossier des concessions agricoles qu'ils ont gérés au gré de leurs intérêts. D'ailleurs, l'ancien maire est actuellement poursuivi en justice dans le cadre de sombres affaires de falsification de délibérations et de dilapidation de deniers publics. Les actuels pensionnaires de la mairie se sont retrouvés, dès leur installation, à gérer la bombe des concessions agricoles. Voulant en finir avec cette affaire explosive, l'actuel maire a épluché les dossiers des 57 bénéficiaires de la manne de la GCA. En consultant la liste des bénéficiaires, le pot aux roses est découvert ; le fils d'un sénateur tombé en disgrâce, celui d'un député, ceux de 15 anciens élus d'Oran, des commerçants des femmes (entraîneuses et même danseuses pour certaines) constituent l'essentiel de la liste des heureux bénéficiaires. Pis encore, les concepteurs des listes ont usé de faux et usage de faux pour certains cas. On parle de commerçants n'ayant aucun diplôme d'agriculture qui auraient constitué leurs dossiers en produisant cette pièce essentielle. Ce scandale est venu rappeler aux habitants de la localité comment le béton a envahi des terres agricoles très rentables à l'hectare. Comment, grâce à des passe-droits, le foncier agricole de la localité a été dépecé. Les autorités concernées par ce dossier n'ont pas tardé à réagir et des sanctions ont été décidées. Le directeur général de la GCA et un de ses proches collaborateurs ont été suspendus en attendant les suites de l'enquête qui risque d'apporter plus de surprises et la liste des attributaires a été gelée. Mais en attendant, la rue à Misserghine menace de ne pas se taire et d'entamer un mouvement de protestation si les auteurs de ce énième scandale ne sont pas démasqués et punis.