Si la sortie de Mohamed Lamari est vue d'un bon oeil, il n'en reste pas moins que la suspicion persiste en attendant les actes concrets. Tous les sujets chauds du moment ont été abordés par Mohamed Saïd, porte-parole et secrétaire général du mouvement Wafa que préside Ahmed Taleb Ibrahimi et que le ministère de l'Intérieur refuse d'agréer. La dernière sortie de Mohamed Lamari, chef d'état-major de l'ANP sur le retrait de celle-ci de la vie politique, a induit deux sortes de lecture. La première, basée sur les «amères expériences passées» consiste à demeurer dans l'expectative en attendant la concrétisation de cette déclaration par les actes. La seconde rejoint la position initialement exprimée par Ahmed Taleb Ibrahimi, invité de notre rubrique «A coeur ouvert avec L'Expression». Pour le mouvement Wafa, en effet, «il faut revenir à un consensus en aidant l'ANP à se désengager progressivement de la gestion quotidienne de la vie politique (...) Progressivement, en l'espace d'un mandat par exemple, car un retrait brusque de la vie politique laisserait un vide préjudiciable à la stabilité du pays que ne peut combler la classe politique actuelle à défaut d'une force politique structurée et cohérente». Le sujet relatif à la Kabylie fait réagir Mohamed Saïd de manière extrêmement critique. Il accuse, en effet, le pouvoir d'avoir mal géré cette crise de bout en bout et de tabler présentement sur «l'essoufflement du mouvement». Et de rappeler que même les tentatives de déviation du mouvement vers des considérations régionalistes, histoire de confiner la protesta à la seule Kabylie, n'avaient pas empêché les citoyens de se soulever régulièrement aux quatre coins cardinaux du pays. Pour le porte-parole de Wafa, le pouvoir «assume la responsabilité de la menace qui plane sur la solidarité entre différentes régions du pays, avec toutes les conséquences que cela entraînerait sur l'affaiblissement du sentiment d'appartenance nationale, et la fragilisation de l'unité nationale». S'agissant de la concorde de Bouteflika, Mohamed Saïd a soutenu toute démarche allant dans le sens de l'apaisement et de la réconciliation. Cela ne suffit pourtant pas, selon le porte-parole de Wafa. «La concorde nationale est un grand projet qui ne saurait s'accommoder de demi-mesures dictées par des considérations conjoncturelles». Explications: «La loi sur la concorde civile, bien que décidée unilatéralement par le pouvoir pour donner une couverture politique et une dimension juridique au contenu des accords ANP-AIS, aurait constitué un pas décisif vers la réconciliation nationale (...) Si elle avait été suivie d'autres mesures d'apaisement telles que la recherche d'un début de solution aux problèmes des disparus, la libération des prisonniers politiques, la levée de l'état d'urgence, l'ouverture du champ politique et de l'espace médiatique». Pour ce qui est de la probabilité du retour du FIS, Mohamed Saïd estime que la concorde, dans une société harmonieuse et équilibrée, ne peut continuer d'exclure une partie non négligeable de la société, également privée de ses droits civiques et politiques.