Le président de Wafa, principal adversaire du duo Benflis-Bouteflika, en est encore à la phase «d'échauffement». Ahmed Taleb Ibrahimi, président du mouvement Wafa, toujours interdit par Yazid Zerhouni, a effectué ce jeudi une visite à Sidi Bel Abbès. Pour la première fois, la question de la présidentielle et de la candidature de Taleb a été officiellement évoquée par son porte-parole, Mohamed Saïd. Selon des sources proches de cet ancien candidat à la présidentielle de 1999, cette sortie s'inscrit dans une série de visites qu'il projette de faire à l'ouest et au centre du pays. Le fils du cheikh Bachir El-Ibrahimi jouit d'une considération certaine dans les milieux nationalistes et islamistes du pays. C'est donc sans surprise si cette première sortie sur le terrain a été ponctuée d'une rencontre fructueuse avec de nombreux élus locaux. Il a également rencontré les cadres et militants du mouvement Wafa, restés fidèles à leurs ligne et principe en dépit de l'interdiction dont ils sont la victimes et des «nombreuses intimidations» dont ils ont été l'objet ces dernières années. La rencontre avec les militants s'est passée dans la salle de réception du principal hôtel de cette ville, même si, rappellent nos sources, «le ministre de l'Intérieur rappelait la veille ne pas vouloir délivrer d'agrément au mouvement Wafa». Cette première sortie a permis à Taleb, poursuivent nos sources, de constater que son capital sympathie n'a pas diminué et que ses chances d'arriver au sommet de l'Etat, en cas de joutes électorales transparentes et régulières, sont intactes. Quelques jours auparavant, Ahmed Taleb Ibrahimi était l'hôte de la Syrie, sur invitation du président syrien. Il y a été reçu avec les «égards dus à un chef d'Etat», notamment par le président Bachar El-Assad à la résidence Rawda, ainsi que par son vice-président, Abdelhalim Khaddam. Les entretiens bilatéraux, indiquent des sources proches du mouvement Wafa, «ont porté sur la situation du monde arabe et les moyens pour mettre en oeuvre des actions communes en ce sens». Un point de presse a été organisé par le secrétaire général et portes-parole de Wafa, Mohamed Saïd, en marge d'une soirée donnée par une association caritative en «l'honneur de cet hôte de marque». Il a, à cette occasion, indiqué «ne pas être concerné par les dernières déclarations du ministre de l'Intérieur», précisant de nouveau que «le mouvement Wafa s'est constitué dans le strict respect des lois de la République (et que) selon ces mêmes lois, son existence est parfaitement légal». Il est à rappeler que le ministère de l'Intérieur a été incapable de justifier son interdiction, alors que le mouvement a laissé l'ensemble de ses documents, y compris la liste des membres fondateurs, de la direction et des congressistes dont certains avaient été accusés, «à tort» d'avoir fait partie de la direction du FIS-dissous. Zerhouni est accusé d'«interpréter à sa guise les lois de la République alors qu'il est là pour les respecter et les faire respecter». S'agissant de la candidature de Taleb, Mohamed Saïd a indiqué que «le sujet sera évoqué en temps opportun», mais qu'il «n'est pas question de présenter sa candidature si la même mascarade que celle de 1999 devait se renouveler». Cette sortie sur le terrain, qui n'est pas la première du genre, en annonce d'autres dans les tout prochains jours. Elle souligne que les ténors, longtemps en retrait, commencent leur «échauffement» dans le but d'entrer en scène en temps opportun.