«Sans une intervention de cette institution, nous courons droit à un soulèvement populaire aux conséquences dramatiques pour le pays.» Le président du mouvement Wafa, Ahmed Taleb Ibrahimi, était mardi l'hôte de la ville d'Adrar. En présence de centaines de militants, sympathisants et notables de la ville, à l'hôtel Touat, il est revenu en détail sur les deux grands sujets chauds du moment, la crise qui secoue le FLN et le rôle de l'armée lors de la future présidentielle. Sans pour autant faire référence au fameux éditorial d'El-Djeïch que tout le monde attend désormais sur des charbons ardents, Taleb a réitéré les trois préalables à sa participation, mais aussi au déroulement libre, transparent et démocratique de la prochaine présidentielle. Les garanties, a-t-il expliqué, «peuvent être données, par ordre d'importance, par l'armée, les observateurs internationaux en nombre suffisant et une conscience populaire suffisante pour amener les pouvoirs publics à réviser leur démarche sous peine d'embrasement de la rue, avec des conséquences absolument incommensurables». Taleb, qui n'en est pas à son premier appel, et qui se trouve être une des premières victimes du gouvernement depuis l'an 2000, a souhaité que «l'institution militaire prenne pleinement conscience des dérives actuelles d'un pouvoir irresponsable et irrespectueux du droit». Concrètement parlant, Taleb souhaite que «l'armée agisse de concert avec la classe politique pour amener l'administration à observer une parfaite neutralité lors du déroulement du prochain scrutin». Le sujet, qui continue de déchaîner les passions, est loin de connaître son épilogue. Taleb, fort d'amitiés internationales certaines, sait forcément où il met les pieds quand il souligne que «l'armée doit quitter sa neutralité passive pour passer à une phase active appelée par toute la classe politique». Ce n'est pas tout. Le président de Wafa, qui conditionne son engagement par ces garanties, ajoute que «l'institution militaire a les moyens d'amener l'administration à se conformer au même type de neutralité» à laquelle se sont conformés les locataires des Tagarins, produisant en ce sens des preuves jugées plus que probantes aussi bien par Taleb que par le général à la retraite Rachid Benyellès. Les dépassements commis par l'administration, qui mettent en avant à l'avance les velléités de fraude, sont illustrés, notamment, par la cabale montée contre le FLN. Le sujet est loin de laisser insensible celui qui a été une des premières victimes de ce genre d'arbitraire. Taleb, qui a rendu visite à Benflis en signe de solidarité le jour même du verdict invalidant son 8e congrès, a réitéré sa «solidarité avec les militants du FLN», victimes, martèle-t-il, de «l'instrumentalisation de la justice à des fins politiques». Une occasion, toutefois, d'en appeler à l'ensemble des forces politiques du pays pour continuer de «dénoncer avec force ce précédent gravissime venu carrément mettre en péril le pluralisme démocratique en Algérie». Wafa, plus résolu que jamais à contribuer à endiguer cette crise qui menace le devenir de la nation algérienne, estime par la voix de son président que «des actions concrètes sont actuellement menées en vue de faire barrage à la fraude et à la domestication de la classe politique». La vision que voici, en train de faire l'unanimité, doit également être celle de «décideurs». Entendre par là, pour lever les équivoques, l'institution militaire. Ahmed Taleb Ibrahimi, qui multiplie les sorties sur le terrain, a profité de son passage par la ville d'Adrar pour critiquer les disparités existant entre le sud et le nord du pays, plaidant en faveur d'une plus grande justice dans la répartition des richesses, mais aussi en faveur de l'édification d'une nouvelle capitale algérienne dans le grand Sud, protégée des perturbations sismiques. Le président du mouvement Wafa s'est recueilli sur la tombe de l'illustre Sidi Kebri, cheikh de la zaouïa d'Adrar. Il s'est également recueilli sur la tombe des martyrs de la guerre de Libération nationale, avant de visiter la foire internationale d'Adrar où il a eu des entretiens très intéressants aussi bien avec les exposants qu'avec de nom-breux visiteurs. Une occasion pour lui de se rendre compte que sa popularité est très grande même dans des endroits reculés et quelque peu oubliés de la capitale algéroise. Taleb doit se rendre aujour-d'hui à Mascara puis à Mosta-ganem. Il s'agit de sa seconde visite dans l'ouest du pays, après celle qui l'avait mené, au mois de novembre passé, à Oran, Aïn Témouchent et Sidi Bel Abbes.