le passage consacré par le secrétaire général du FLN à la situation dans cette région a été des plus remarqués. Il y eut des moments forts au cours du discours d'ouverture de Ali Benflis à l'hôtel El-Aurassi, où se tenait le congrès du FLN. Des moments où la salle s'est levée comme un seul homme pour applaudir à tout rompre en poussant des youyous. A l'applaudimètre, le passage consacré par le secrétaire général du FLN à la situation en Kabylie a été des plus remarqués. On peut espérer que l'idylle entre le Chef du gouvernement et la population de Kabylie ne restera pas sans suite et connaîtra des suites favorables. L'assistance a bien noté que lorsque Ali Benflis a déclaré: «A-t-on le droit de ne pas nous impliquer pour trouver une issue heureuse, rapide et définitive à la situation de crise que vit la Kabylie? Cette solution est à notre portée pour peu qu'on s'arme de deux atouts: la capacité d'écouter et de comprendre, d'accepter et de respecter nos interlocuteur.» Il n'a fait que traduire le sentiment des représentants des wilayas. Il y a une volonté au sein de la classe politique comme de la société civile de trouver une solution définitive à la situation de crise qui prévaut en Kabylie depuis le 20 avril 2001 et qui a fait plus de cent vingt victimes. Surenchères. Fuite en avant. Cycle manifestations-répression. Mensonges et manipulations. Comme dirait Slimane Ben Aïssa dans sa fameuse tirade de Babour Ghraq: «On a crié notre amazighité, on nous a traités de séparatistes!» L'incapacité des pouvoirs publics de renouer les fils du dialogue a été flagrante, scandaleuse, inacceptable aux yeux de l'opinion publique nationale, qui n'arrive pas à comprendre pourquoi toute une région du pays est marginalisée, oubliée, comme si le pourrissement nourrissait des desseins innommables et inavouables. Il y a la plate-forme d'El-Kseur considérée par ses rédacteurs comme «scellée et non négociable», une formule qui ferme le jeu certes et empêche toute volonté d'aller de l'avant et de trouver des solutions qui arrangeraient toutes les parties. Mais en face, c'est le discours de la haine et le langage de la répression qui ont été privilégiés. Qu'on se rappelle que les premières intentions des délégués des ârchs se limitaient à transmettre le texte de la plate-forme aux autorités concernées, mais que la manière dont les marcheurs ont été accueillis a mené le mouvement vers l'impasse, montrant les ornières, mais aussi les oeillères des institutions et des personnalités chargées de gérer ce dossier sensible. Est-il important que le FLN se prononce pour le règlement définitif de cette crise et pour quelles raisons? D'abord, relevons le fait que le FLN est un parti politique implanté dans les 48 wilayas du pays et à ce titre il exprime le point de vue non seulement des congressistes, mais aussi des militants de base et des populations de toutes les régions du pays. Que les représentants de ces wilayas applaudissent le désir d'en finir par le dialogue avec cette blessure ouverte depuis maintenant deux ans, signifie que la Kabylie n'est pas seule et que ses revendications sont légitimes. La communauté nationale dans son ensemble est à ses côtés. Ensuite, le FLN, majoritaire dans les Assemblées élues depuis les deux dernières élections, est fort d'une légitimité populaire qui lui a été conférée par la voie des urnes et qui lui donne le droit de donner son point de vue sur une crise majeure du pays et de proposer les solutions qu'il faut, au moment opportun. Enfin, le gouvernement et le Parlement sont pratiquement contrôlés par le FLN, qui peut actionner les leviers qui lui permettront d'être en phase avec les aspirations de la jeunesse de Kabylie, voire de toute la population de cette région du pays. Aujourd'hui, les haines se sont tues, le calme est revenu, et il est certainement temps de passer à une étape qualitative dans la manière de gérer ce dossier. En programmant une visite en Kabylie, juste après le congrès du FLN, le Chef du gouvernement a à coeur de rentabiliser le succès remporté au cours de ces assises, d'autant plus que des personnalités kabyles de premier plan ont répondu à l'invitation qui leur a été faite d'assister à l'ouverture des travaux.