Ni tracts ni prises de parole intempestives ne seront tolérés en plénière. Comme prévu, le 8e congrès du FLN s'est ouvert hier matin à l'hôtel El-Aurassi à Alger. La veille, on nous avait laissé entendre, qu'environ 1 300 délégués, choisis par la base lors des récents congrès régionaux organisés, seraient présents. Or, l'arithmétique la plus simple aurait mis en relief un nombre de personnes, femmes et hommes, participant de près au déroulement de cette rencontre, bien supérieur. Bien supérieur en effet, dans la mesure où les logisticiens du congrès ne se sont sûrement pas trompés en lançant des dizaines d'autres invitations pour mettre l'accent sur le corps diplomatique accrédité à Alger, ainsi que d'autres invités, des hommes actifs, mais néanmoins sympathisants du FLN, notamment depuis que Ali Benflis en a pris les rênes, il y a un an et demi. Comme à l'accoutumée, mais cette fois sans rechercher le moindre faste superflu, les organisateurs ont fait appel à l'effort de réflexion pour donner au 8e congrès un caractère solennel, mais une solennité librement consentie. A-t-on cherché à inaugurer des méthodes d'accueil différentes de celles inspirées, il y a encore quelques années, par le décorum en vigueur au sein du parti unique? Tout semble, en effet, confirmer cette tendance qui, sans être contraignante, s'ouvre, au contraire, sur la convivialité sans pourtant permettre que la discipline et la fermeté soient ignorées. Fermeté dans la ventilation des instructions au personnel d'encadrement du congrès et discipline dans les rangs. C'est ce qui a été remarqué par les observateurs à El-Aurassi, hier matin. Grâce aux portables, les instructions données étaient appliquées à mesure que l'heure de l'ouverture des travaux approchait. A son arrivée, Ali Benflis a été accueilli par les applaudissements nourris des congressistes. Puis ce fut à l'hymne national d'imposer le silence à près de trois mille personnes debout face à Ali Benflis figé au garde-à-vous à la tribune où viendront se mettre autour de lui les membres du bureau du 8e congrès. Kassamen, voilà qui rappelle que l'Hymne national de l'Algérie combattante est toujours en vigueur dans la mesure où il est pratiquement né avec le FLN. Mais aussi comme preuve du refus que les Algériens ont opposé, 4 ou 5 ans après l'indépendance, à ceux, une minorité au pouvoir à l'époque, qui, sans débat ni consultations préalables, ont réussi à stopper le concours lancé par la puissance publique à dessein de substituer à Kassamen un autre hymne. Après le souhait de bienvenue et les paroles d'accueil lancés par le secrétaire général à l'adresse de l'assistance, Ali Benflis procéda à la lecture du règlement intérieur du congrès en faisant voter chaque article à main levée. Il faut dire aussi que certains articles ont eu pour conséquence de stimuler l'assistance au point que, à propos de certains articles, des applaudissements nourris résonnèrent bruyamment dans la salle «E» de l'hôtel El-Aurassi. Ainsi en a-t-il été de l'article concernant les travaux du congrès durant les trois jours de son déroulement. Il s'agit en fait d'une véritable clause qui impose à tous les délégués éligibles au vote et dont la présence est conforme aux critères en vigueur, de respecter scrupuleusement les points inscrits à l'ordre du jour, sans quoi ils encourraient les sanctions qui s'imposent? Vifs applaudissements. Mais ce n'est pas tout, car un autre article du règlement du congrès précise davantage la pensée des organisateurs qui auront également à veiller à ce que «ni tracts, ni prises de parole intempestives et sans autorisation, ni constitution d'aparté à dessein de subvertir les délégués pour les détourner des points de l'ordre du jour», ne puissent avoir lieu au sein de l'hôtel El-Aurassi tout au long du déroulement du congrès. Enfin, et c'est là le point fort de cette première journée: sur proposition d'un député, membre du FLN de Souk-Ahras, Ali Benflis a été largement plébiscité pour présider les travaux du congrès. Une nouveauté qui semble convenir au plus grand nombre.