Le niveau d'alarme aux Etats-Unis est passé de jaune «élevé» à orange «très élevé». C'est ce qu'a indiqué, hier, le département de la sécurité intérieure, jetant l'émoi parmi les populations américaines et justifiant cette mesure par l'imminence de la guerre contre l'Irak. Ce niveau est l'avant-dernier d'une échelle de cinq dont le plus élevé est le rouge et le plus bas le vert. Le président Bush, pour sa part, s'est voulu «rassurant» en annonçant, le même jour, que les mesures de sécurité avaient été considérablement renforcées aux Etats-Unis pour faire face aux risques terroristes dans la perspective d'une guerre contre l'Irak. Ces craintes, il faut le dire, paraissent justifiées. Un Américain, un Canadien et un Yéménite ont, en effet, été tués par balle, hier, à l'est de Sanaâ, au Yémen, par un Yéménite qui s'est ensuite donné la mort, ont annoncé les autorités locales sans préciser les fonctions et les qualités des deux personnes assassinées, ni celle de l'auteur de ce premier attentat après le discours de guerre de George Bush fils. La sécurité a été grandement renforcée au niveau des représentations diplomatiques à «risques», telles que celles du Yémen, de l'Arabie Saoudite, des Emirats arabes unis et même du Koweït alors que les équipes ont été réduites au minimum et que les ressortissants américains ont été vivement invités à quitter ces pays avant le commencement de la guerre. La même menace, très grande, a été mise en exergue hier par rapport aux Britanniques encore présents dans ces mêmes pays. Mais lors de son allocution depuis la Maison-Blanche, l'homme le plus «puissant» du monde a assorti cet avertissement d'une menace à l'adresse des terroristes: «Si nos ennemis osent nous frapper, eux et ceux qui les auront aidés devront affronter des conséquences effrayantes.» Ces attentats pourraient être perpétrés par le réseau Al-Qaîda, a précisé le département de la Sécurité intérieure. «Mû par le désespoir, (Saddam Hussein) et des groupes terroristes pourraient essayer de lancer des opérations terroristes contre le peuple américain et nos amis», a ajouté le président en soulignant: «Ces attentats ne sont pas inévitables. Mais ils sont possibles.» Il a ajouté que ces derniers jours, les autorités américaines avaient expulsé «des personnes liées aux services de renseignement irakiens» hors du territoire américain. «J'ai notamment demandé des mesures de sécurité supplémentaires dans nos aéroports et augmenté les patrouilles des garde-côtes dans les principaux ports», a encore déclaré le chef de la Maison-Blanche. Peu après l'allocution du président, le département de la Sécurité intérieure a annoncé que le niveau d'alerte terroriste aux Etats-Unis est passé de jaune «élevé» à orange «très élevé». «La communauté du renseignement considère que les terroristes vont tenter d'attaquer, à de multiples reprises, les Etats-Unis et la coalition à travers le monde dans le cas d'une campagne militaire menée par les Etats-Unis contre Saddam Hussein», a affirmé le secrétaire à la Sécurité intérieure, Tom Ridge. Les «risques très élevés» d'attentats terroristes ont motivé la décision de passer au niveau orange, a expliqué M.Ridge dans un communiqué. «De nombreuses informations provenant de différentes sources, dont certaines hautement fiables, indiquent qu'Al-Qaîda devrait probablement lancer des attaques terroristes contre des intérêts américains sous prétexte de défendre les musulmans ou le peuple irakien, plutôt que Saddam Hussein», a expliqué Ridge. Parallèlement à cette annonce, les autorités ont déclenché l'opération «Bouclier Liberté» afin d'assurer la protection de la population américaine dans le cas du déclenchement imminent d'une guerre contre l'Irak. Férus de termes pimpants, les Américains donnent l'air de faire un pied de nez à l'humanité entière en décrétant, en filigrane, que seul leur pays est l'unique «sanctuaire» de la liberté à travers la planète entière. Cette opération sans précédent aux Etats-Unis a été étendue à l'ensemble du territoire américain «afin de protéger les citoyens américains et les infrastructures tout en maintenant la libre circulation des personnes et des biens à nos frontières avec le minimum de dommages pour notre économie et notre mode de vie», a précisé le département dans un communiqué. Ce plan, grosso-modo, consiste en le renforcement de la protection dans le domaine des transports aériens, routiers et ferroviaires. Des mesures de précaution relatives à la santé publique ont été également mises en place, pour parer à l'éventualité d'une attaque chimique ou biologique.