Les éléments d'Al-Masri, qui ont à leur «actif» les sanglantes attaques de Madrid, affirment avoir déjà déployé leurs kamikazes, prêts à frapper à tout moment. C'est véritablement le branle-bas de combat dans la plupart des capitales occidentales. Beau-coup d'entre elles, et non des moindres, s'attendent à subir des attaques terroristes à n'importe quel moment, depuis que l'ultimatum fixé par Ben Laden en personne dans une bande authentifiée par la CIA a expiré le 15 du mois de juillet dernier. La menace rendue publique dimanche soir dans des médias arabophones paraissant à Londres de la part du redoutable groupe d'Abou Hafs El-Misri n'a fait qu'exacerber les choses. Désormais, les capitales occidentales les plus importantes, à commencer par Washington, Rome, Londres, Paris et Madrid sont sur le qui-vive. La panique la plus indescriptible a gagné les administrations et les lieux publics depuis que les niveaux d'alerte ont été revus à la hausse, jusqu'à atteindre le seuil orange aux USA. Les services de renseignement, tous sur les dents, se déclarent ainsi convaincus que des attaques terroristes de grande envergure peuvent se produire à n'importe quel moment, et dans n'importe quel endroit. Le plus dramatique dans cette psychose qui promet de durer pendant des mois encore, du moins tant que la «coalition n'aura pas quitté l'Irak et que Sharon ne se sera pas plié au droit international» aux dires des éléments d'Al Qaîda qui trouvent ainsi d'infaillibles moyens de recruter et de lever des fonds, c'est la signature caractéristique des attentats de cette organisation consistant en la programmation de plusieurs attaques quasi simultanées, destinées à faire le plus de victimes, de bruit et de tapage médiatique. C'est ainsi que les services secrets américains, dans un rapport classé secret-défense, indiquent que «le groupe terroriste d'Al Qaîda veut commettre de nouveaux attentats aux Etats-Unis contre des objectifs aussi symboliques que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale à Washington ou la Bourse de New York». Le gouvernement Bush, qui assiste impuissant depuis deux jours à la chute de sa bourse, a confirmé hier l'existence, mais aussi l'imminence de pareilles menaces. Tom Ridge, le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, qui met en avant le caractère «inhabituellement précis» de ces menaces, ajoute que les attaques se feraient à l'aide «de voitures ou de camions piégés». C'est, du reste, en raison de la précision des renseignements obtenus, que le gouvernement a immédiatement décidé de relever l'état d'alerte pour les immeubles ayant des activités financières à New York, Washington, mais aussi dans le nord de l'Etat du New Jersey, de l'autre côté de l'Est River qui borde Manhattan et qui abrite de nombreux immeubles appartenant à des firmes de Wall Street. Le niveau a été porté à «très élevé», c'est-à-dire orange. De son côté, Rome, qui a fait l'objet d'un ultimatum de la part des éléments d'Abou Hafs El-Misri, a mis sur le terrain plusieurs milliers de soldats et de policiers supplémentaires. Pas moins de 13.000 sites, dont le Vatican et plusieurs monuments historiques, ont été désignés comme étant des cibles potentielles, et placées sous une étroite, et parfois discrète, surveillance policière. Dans un sommet tenu à Paris entre Chirac et Berlusconi, le président et le chef du gouvernement ont tenu à montrer tout le sérieux qu'ils accordent à ce genre de menaces. Paris, qui n'a pourtant pas pris part à la coalition qui a envahi l'Irak, et qui a même eu une attitude honorable, n'en craint pas moins des attaques sur son territoire. Aussi, le plan Vigipirate a-t-il été «réactualisé» avec un supplément de troupes. Pendant ce temps, une série d'arrestations, notamment en Italie, a concerné des dizaines d'islamistes, soupçonnés de faire partie des réseaux dormants d'Al Qaîda, tant il est vrai que les services de sécurité occidentaux, depuis les révélations sur le laxisme qui avait précédé les attentats du 11 septembre 2001, ne veulent désormais rien laisser au hasard. Ces attentats, rappelons-le, avaient fait près de 3000 morts aux Etats-Unis, dont 2749 à New York touché en plein coeur du quartier financier. Depuis, d'autres attentats avaient visé l'Espagne, la Turquie, le Maroc, la Tunisie et l'Arabie saoudite. La piste marocaine, particulièrement privilégiée depuis le massacre de Casablanca, a fait dire au juge antiterroriste Garzon, qu'il existerait près de 5000 kamikazes de cette nationalité, disséminés à travers le monde et prêts à frapper à n'importe quel moment.