Les organisations humanitaires s'attendent à une véritable catastrophe dans le Golfe. L'armée de Bush et de ses alliés prévoit l'occupation des terres irakiennes. Ce qui indique que cette guerre sera plus longue que la précédente. Cela veut dire aussi que le nombre de réfugiés dépassera largement les 600.000 prévus. Déjà, les premiers Irakiens, qui fuient leur pays, donnent un aperçu sur ce drame qu'engendrera cette guerre. Une de trop certainement, pour un peuple déjà meurtri par un sévère et long embargo. Aux frontières des pays voisins, le rythme de préparation des camps de réfugiés ne diffère pas de celui des GI. Mais tous les regards sont fixés actuellement sur les dizaines de milliers d'Irakiens réfugiés par crainte des frappes dans le territoire autonome du Kurdistan. Selon les observateurs sur place, plus de 40.000 personnes, qui ont fui Bagdad, sont entrées dans la zone autonome du Kurdistan. Femmes, enfants, vieillards ont laissé toute une vie derrière eux pour se diriger vers l'inconnu. L'arrivée de ces familles a provoqué un sentiment de désolation chez les Kurdes de la région. Le faible nombre de personnel employé par les organisations humanitaires réduit les chances d'une prise en charge de ces milliers d'humains qui, pour la plupart, souffrent de carence nutritive et médicale. La malnutrition a créé une situation potentiellement explosive. Le risque est d'autant plus grand qu'aucune mesure d'urgence des Nations unies n'a encore été prise pour anticiper le deuxième coup qui affectera la crédibilité des Nation unies déjà mise à mal par l'administration Bush. Par ailleurs, les pays voisins, à savoir l'Iran, la Jordanie la Syrie, sont en état d'alerte. Plusieurs campements ont été installés près des postes de contrôle aux frontières, pour accueillir les premiers réfugiés qui arriveront en force selon les prévisions de la Jordanie. Les autorités de ce pays arabe, qui a donné le feu vert aux avions américains de survoler son espace aérien, sont «prêtes à accueillir 350.000 réfugiés irakiens». Alors que Téhéran s'est dit disposé à en recevoir 30.000, les frontières de la Syrie sont, pour leur part, prises d'assaut par des convois militaires aptes à prendre en charge d'autres milliers d'Irakiens, déjà en route pour ce pays voisin. Tout porte à croire que c'est le peuple irakien qui payera la facture de cette guerre. Une guerre que certains cercles médiatiques américains n'ont pas hésité à dire qu'elle est pour les Irakiens sachant bien qu'ils seront lâchés d'une manière ou d'une autre par la communauté internationale, dès que le bruit de la diplomatie cédera la place à celui des obus.