Objectif : retourner les Irakiens civils ou armés contre Saddam. Aux premières heures de l'offensive, les premiers surpris de l'intox au Golfe ont été les journalistes qui sont sur place au Qatar. Ils se sont retrouvés contraints à suivre la guerre à travers des dépêches provenant de Washington et des images de CNN, alors qu'ils ne sont qu'à un jet de pierre du champ de bataille. A l'exception de ceux «incorporés» des chaînes CBS et CNN, les 500 journalistes sont suspendus aux informations diffusées par le Pentagone à travers l'agence koweïtienne. Saddam blessé. Faux. L'information a été démentie immédiatement par l'apparition de Saddam à la télévision irakienne. La guerre médiatique atteint son paroxysme au Golfe. Rumeurs, mensonges et effets spéciaux. Il y a même eu des images datant de la Première Guerre du Golfe qui ont été réchauffées pour les besoins de la cause, ont constaté certains observateurs. La rumeur ne s'arrête pas là. Des médias ont colporté l'information sur la fuite du vice-Premier ministre irakien Tarak Aziz. Ce dernier a très vite démenti l'information devant un parterre impressionnant de journalistes qu'il a tenus à prendre à témoin. «Nous n'allons pas abandonner nos concitoyens comme l'ont fait certains en 1991», faisant allusion aux émirs koweïtiens qui ont déserté le pays laissant la population sous l'occupation irakienne. Autre rumeur ayant circulé dans le centre de presse au QG des forces alliées au Qatar, celle relative aux marines qui prennent la ville d'Oum-Kasr, au sud de l'Irak. Quelques heures plus tard, une information révélant des accrochages entre l'armée irakienne et l'armée koweïtienne au Sud, ont démontré le contraire. Des soldats irakiens se rendent par paquet. Les journalistes sur les lieux n'ont vu cela qu'à travers la chaîne télévisée saoudienne, partie prenante du conflit. Aussi, traquer un seul homme et sa famille, voire son clan avec des missiles Tomahawk et des B 52 portant chacun 30 tonnes d'explosifs est aussi difficile à imaginer. Certains journalistes, notamment français, n'ont pas hésité à dire que l'information sur la guerre de Bush contre l'Irak tourne à la dérision de part et d'autre. D'autant plus que la guerre qui devrait être rapide et éclair se révèle, après coup longue. Maison par maison, le rythme de la guerre ne donne pas l'impression que la fin de la guerre n'est pas pour demain. Les observateurs ne sont pas arrivés au bout de leur peine avec le Pentagone. Quelques semaines auparavant, le chef des inspecteurs avait formellement démenti l'accord d'achat d'uranium entre l'Irak et le Niger. Le fonctionnaire onusien s'est indigné contre le «faux et usage de faux» à travers des documents fabriqués portant de fausses signatures de chefs d'Etat souverains. L'expérience de la guerre du Golfe de Bush père à travers les images de CNN a forcé le monde à prendre les informations avec beaucoup de réserves. Tous les pays, grands et petits étaient contraints à voir les changements qui se dessinent sur la planète à travers la télévision. Plusieurs correspondants se sont accordé à dire qu'ils s'attendent au pire dans l'exercice de leur mission. Certaines correspondances ont révélé un projet américain plus dangereux que les bombes à uranium appauvri dont ont été victimes les soldats américains touchés par les irradiations. «L'armée américaine prévoit, en cas de nécessité, de gagner la bataille médiatique en utilisant les armes contenant de l'anthrax, voire attaquer certaines capitales de la région avec des missiles de longue portée, pour faire croire à la communauté internationale que l'Irak a menti et justifier ainsi sa guerre». Cette hypothèse a été appuyée par un analyste sur les ondes d'une chaîne arabe. La guerre sera rapide et chirurgicale. Faux. L'information est rapidement démentie par Bush en personne. «Elle sera longue et difficile», a-t-il indiqué. C'est le principe même du concept stratégique de «guerre préventive».