Le bruit de bottes dans le Golfe ne semble pas gêner la volonté de coopération entre les deux rives de la Méditerranée. Le président portugais, Jorge Sampaio, sera prochainement à Alger pour une visite officielle. Cette information a été annoncée à l'issue du tout récent séjour de notre chef de la diplomatie, M.Abdelaziz Belkhadem dans la capitale portugaise, Lisbonne. De fortes rumeurs ont également circulé quant à un voyage du roi espagnol, Juan Carlos, dans notre pays. Toutefois, si la venue du chef de l'Etat portugais a de fortes chances d'avoir lieu dans les prochaines semaines, sinon dans les prochains mois, celle du souverain espagnol ne semble pas avoir de grandes chances de se concrétiser, particulièrement dans le contexte international actuel caractérisé par les incertitudes et les possibles conséquences, dans toutes les régions du monde, de la confrontation militaire annoncée comme imminente entre les Etats-Unis et l'Irak. D'ores et déjà l'alignement sans équivoque de Madrid sur les positions des va-t-en guerre de Washington et l'utilisation par l'administration américaine de la base militaire des Açores sous souveraineté portugaise, comme lieu pour annoncer l'ultimatum de guerre autant à l'Irak qu'au Conseil de sécurité de l'ONU, alors qu'Alger est officiellement pour le strict respect de la légalité internationale, jettent de profondes hypothèques sur les possibilités de matérialisation de ces voyages présidentiels et royaux des deux responsables ibériques, au moins aux yeux des milieux officieux et de l'opinion publique de la rive Sud de la Méditerranée. Mais pour l'heure, on n'en est pas encore là. En dépit de toutes ces incertitudes géopolitiques dans les relations internationales, l'Algérie et le Portugal semblent décidés à intensifier contre vents et marées leur coopération bilatérale. Une manière pour les deux capitales de clamer que la crise du Golfe ne pourrait pas affecter les relations interméditerranéennes. Cela a d'ailleurs été explicitement annoncé au lendemain de la visite officielle de deux jours au Portugal du ministre algérien des Affaires étrangères, qui a donné lieu à des entretiens et à des échanges approfondis autour des grands volets de coopération entre les deux pays et l'orientation future à lui donner. Ainsi, dans ce cadre et sur le plan politique, les deux parties ont clamé leur volonté d'instaurer de concert un partenariat authentique et ont même signé un mémorandum relatif à une institutionnalisation du dialogue et de la concertation politique entre elles. Comme elles ont retenu sur le plan de la coopération économique, le principe de la finalisation prochaine de deux accords portant l'un sur la protection et l'encouragement réciproques des investissements et l'autre sur la non-double imposition. De même, il a été annoncé que la prochaine session de la commission mixte de coopération économique et technique sera convoquée dans cette optique avant la fin du premier semestre de l'année en cours. Enfin, les deux capitales ont relevé, à la faveur de leurs retrouvailles, la nécessité de tout faire pour réactiver le fameux processus euroméditerranéen de Barcelone et conforter autant le cadre des consultations de la formule «des 5+5» que celui de la coopération UMA-UE. Quant à la grave crise irakienne dont les retombées risquent de se répercuter sur l'ensemble de la planète, Alger et Lisbonne ont souligné leur attachement au respect de la légalité internationale qui doit s'exprimer en toutes circonstances à travers les Nations unies. Mais il est clair qu'aujourd'hui avec la tournure des événements relatifs à cette crise, le risque est grand de voir, au moins, le report sinon le retard peser sur toutes ces bonnes volontés de coopération entre le nord et le sud méditerranéens.