C'est pratiquement une idée fixe pour les forces alliées : s'emparer d'une partie de la ville d'Oum Qasr. Depuis le début de la guerre, les rumeurs les plus folles ont couru faisant état de la reddition de la ville, seule issue maritime pour le pétrole irakien situé dans cette ville au sud de l'Irak. C'est plus qu'un objectif stratégique dans la bataille. Selon des informations, les Américains ont occupé une petite partie de la ville, le nouveau port, mais pas la vieille ville où le ministre de l'Information irakien a affirmé que «l'armée irakienne a infligé de lourdes pertes aux forces américano-britanniques, parvenant à repousser plusieurs attaques dans le sud de l'Irak». Accusant les forces alliées de mentir et d'avoir enlevé des civils de Fao afin de les montrer à l'écran comme des soldats capturés, le ministre de l'Information a affirmé fermement: «Nos forces sont toujours à leurs places» à Oum Qasr. Les forces de la coalition américano-britannique «essaient de tromper leurs administrés, mais (l'armée irakienne) va les faire s'enliser pour les pousser à mentir davantage», a promis M.Sahhaf. Les Britanniques ont annoncé le contrôle dans la nuit de jeudi à vendredi de la péninsule de Fao. Mais tous les correspondants sur les lieux indiquent que les combats continuent dans un black-out total. Les Américains et leurs alliés sont résolus, toutefois, à prendre la ville au point de ne pas pouvoir honorer leur parole d'éviter «autant que possible les civils». Ce n'est pas facile à tenir si l'on sait que les premières pertes que les Américains ont déclarées ont eu lieu à Oum Qasr, vendredi matin, selon un communiqué du commandement central. Il s'agit du troisième hélicoptère américain détruit ou endommagé depuis le début de la guerre contre l'Irak, alors que deux autres avaient été détruits selon le Pentagone. Un journaliste français a déclaré: «Tous ceux qui ne portent pas l'uniforme des alliés, circulant dans les rues de la périphérie d'Oum Qasr, sont considérés par les soldats US comme une cible militaire.» La correspondante de la chaîne de l'information continue, I télé a, pour sa part, affirmé, à ce propos, avoir vu «des cadavres de civils entourés de chiens affamés». De rudes combats se déroulent et les deux camps y ont laissé des morts pour le contrôle de cette ville au port pétrolier stratégique. Les villes d'Oum Qasr et de Bassora sous un déluge de feu, demeurent pour les alliés un objectif de guerre. C'est à partir de là qu'ils pourront mener le débarquement des fusiliers marins britanniques. C'est aussi un important objectif pour remporter la première bataille de la guerre psychologique et remonter ainsi le moral des troupes par la prise réelle de la première ville irakienne. C'est à partir de cette ville que les Irakiens ont porté leur victoire contre les Iraniens en 1988. Les citoyens sont habitués à la guerre. D'ailleurs elle ne les a jamais quittés. Une ville dont le principal axe routier est jonché de gigantesques statues des martyrs de la guerre. Tous les enfants de la ville morts dans les combats avec les Iraniens ou les Américains en 1991, y figurent sur un axe de plus de 5 km. La plupart de ces habitants sont des pêcheurs pour ceux qui ne travaillent pas dans les champs de pétrole. Le tempérament de ces habitants pauvres par rapport aux Bagdadis a été façonné au gré des guerres et du soleil. 150 km dans le désert. Il reste beaucoup de chemin à faire pour arriver à Bagdad qui se trouve plus au Nord. Les forces alliées avancent vers Bagdad et estiment qu'elles n'ont rencontré aucune résistance de la part de l'armée irakienne. Une information vite démentie par les Irakiens à travers les déclarations d'un de leurs généraux. «Ce n'est que désert, une terre aride sans importance militaire stratégique ni contrée ni contrastes topographiques», a-t-il indiqué, en affirmant que les soldats américains n'ont pas encore vu la guerre faisant ainsi allusion qu'elle sera dans les grandes villes, telles que Basra au sud et Bagdad.