La situation météorologique annonce de mauvais présages si la guerre s'étale dans le temps. Au sixième jour des opérations militaires en Irak, les résultats obtenus sont loin d'être à la hauteur de l'armada déployée, même si officiellement, les alliés se déclarent satisfaits. Si la ville d'Oum Qasr a résisté cinq jours avant de tomber entre les mains de l'ennemi, il faut admettre que la conquête de Bagdad ne sera pas une sinécure pour les 4000 marines qui y sont en route depuis hier. Les forces américaines ont traversé la ville de Nassiriyah, verrou crucial vers Bagdad, franchissant l'Euphrate lors de violents combats qui ont fait des dizaines de morts. Une colonne d'environ 4000 marines américains a franchi l'Euphrate dans cette ville de 265.000 habitants située à 350 km au sud-est de Bagdad, au milieu d'intenses combats. La guérilla urbaine qu'ont tenté d'éviter les forces alliées a bien sévi. En effet, les Anglo-Américains qui s'attendaient à des redditions massives, aux premiers jours des attaques terrestres, se sont heurtés à une population mue par un patriotisme farouche. Le port d'Oum Qasr, le seul débouché irakien sur la mer, est désormais sous «le contrôle total» des forces de la coalition anglo-américaine, a assuré hier, une source militaire britannique. Plus de cent cadavres d'Irakiens étaient visibles à la sortie de Nassiriyah, sur la route de Bagdad, empruntée par les forces de la coalition après trois jours de combats. Selon un officier de la coalition, 40 Irakiens blessés ont été faits prisonniers sur la route par les marines. Par ailleurs, les combats dans cette ville ont fait des victimes dans les rangs américains, a déclaré un officier du commandement central, sans plus de détails. Le ministre de l'Information irakien a avancé le chiffre de huit soldats américains tués, trois hélicoptères ennemis abattus et plus de trente véhicules militaires détruits, lors des combats qui se sont déroulés depuis lundi. Par ailleurs, deux hélicoptères de combat américains, un Apache et un Black Hawk, ont été portés disparus hier soir, dans le sud de l'Irak, où soufflait une violente tempête de sable. Bagdad a subi de nouvelles vagues de bombardements, depuis la journée d'hier, qui, selon le général américain Stanley McChrystal, visent la Garde républicaine, la force d'élite irakienne, commandée par Qoussaï, le fils cadet du président Saddam Hussein. Selon un dernier bilan du ministre irakien de l'Information, Mohammed Saïd Al-Sahhaf, les bombardements aériens, depuis lundi soir, contre Bagdad et d'autres villes ont fait 16 morts et 95 blessés parmi les civils. Les forces américaines rencontrent toujours une vive résistance dans leur progression qui est également ralentie par une forte tempête de sable. Ce qui constitue un autre facteur imprévu dans cette guerre. La situation météorologique annonce d'ailleurs de mauvais présages pour ce que sera la guerre si elle s'étale dans le temps. Le souci est d'autant plus grand surtout que le président Bush et le Premier ministre britannique ont reconnu hier, que la durée de la guerre peut s'étaler dans le temps. Le plus dur est à venir pour les troupes de la coalition engagées en Irak, a reconnu, hier, le chef d'état-major interarmées américain Richard Myers. Si une partie des forces américaines se trouvait hier à une centaine de kilomètres de Bagdad, le gros des troupes était encore loin derrière, affrontant la résistance des villes du sud de l'Irak, notamment aux portes de Bassora (sud-est), la deuxième ville du pays, qu'elles encerclent. Le revers subi par les Anglo-Américains a été attribué «au souci d'épargner au maximum les vies humaines, côté alliés comme irakien». A la nécessité d'aller vite pour les troupes s'ajoutait le facteur humanitaire qui complique davantage les plans tracés par les stratèges de l'armée alliée. Ainsi, à Bassora, quelque 1,2 million d'habitants sont menacés par une crise humanitaire en raison de coupures dans l'alimentation en eau et des violents combats, selon le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr). Les choses se compliquent pour Bush et son allié Blair, tant sur le plan militaire que sur le plan diplomatique. Certains analystes anglo-saxons se sont demandé s'il ne fallait pas recourir à des méthodes plus énergiques pour prendre Bagdad. Comme si cela ne suffisait pas, l'armée alliée multiplie ses fausses manoeuvres. Un chasseur F-16 a bombardé, par erreur, hier, en début de journée, une batterie américaine de missiles Patriot, endommageant son radar, mais ne faisant aucune victime, selon les sources militaires américaines. L'incident s'est produit lundi à 12h 30 GMT à environ 50 km de la ville d'An Najaf.