Un rapport préliminaire rendu public par la Banque d'Algérie est venu lever le voile sur nombre d'interrogations du citoyen et des employés du groupe. A la lumière des premiers éléments d'informations contenus dans le document rendu public par la Banque d'Algérie, il semble qu'il y ait eu beaucoup de bruit pour une affaire qui n'en méritait pas tant. Le document, étalé sur une quinzaine de pages dont la dernière partie est consacrée au «Cas El-Khalifa Bank», précise que «la commission bancaire, depuis 2001, a initié des missions de contrôle au niveau de neuf banques ainsi qu'un établissement financier». Sur cette dizaine d'opérations, «seules quatre opérations de contrôle intégral sont actuellement en phase finale». Sans préciser l'identité des entreprises concernées, le rapport précise simplement que ces opérations concernent des banques aussi bien privées que publiques. Personne n'en parle pourtant. Khalifa serait, donc, victime de ses propres succès et «surmédiatisation», puisque si l'on en croit l'esprit de ce rapport, ces opérations sont pour le moins routinières et n'impliquent en rien une quelconque possibilité de dépôt de bilan ou de malversations. Si le document reste très discret sur l'identité des autres banques et les choses qui leur sont reprochées, il explique en revanche par les menus détails ce qui a poussé les pouvoirs publics à placer un administrateur à la tête d'El Khalifa Bank. D'entrée de jeu, le communiqué confirme, indirectement, que la banque n'est pas en état de cessation de payement. Il est, en effet, indiqué que «l'administrateur provisoire installé début mars pour assainir cette banque (...) a pris, dans une première étape, des sûretés réelles garantissant des créances existantes et exorbitantes, vis-à-vis du principal débiteur, à savoir la compagnie Khalifa Airways». Le document révèle, en outre, que cette affaire ne date pas de quelques mois seulement, mais de deux années. C'est à la lecture de leurs rapports, révèle le document, que la décision a été prise, au mois de février passé, de «geler les transferts de fonds de cette banque de et vers l'étranger». A ce sujet, les experts en affaires bancaires se demandent pourquoi avoir tant attendu puisque les rapports dataient de plusieurs mois déjà. Nos sources, ce disant, vont jusqu'à se demander s'il n'aurait pas des arrière-pensées politiques derrière cette affaire, somme toute bénigne quoique montée en épingle dans le but manifeste de régler certains comptes par personnes interposées à l'approche de la présidentielle d'avril 2004. Le document révèle, en effet, que le rapport de 2001 avait relevé «plusieurs inobservations de la réglementation des changes en vigueur». Le P-DG de la banque avait également été mis en garde sur «les premiers dépassements quant au strict respect des ratios de division des risques de solvabilité». Mis en garde solennellement sur les sanctions encourues par la banque, au même titre que d'autres institutions financières somme toute, le P-DG s'était engagé à «assainir durablement et dans les plus brefs délais toutes les anomalies révélées». Mais les choses, semble-t-il, se seraient aggravées à la lumière du second rapport, fait en 2002, qui aurait constaté «une amplification de tous les dysfonctionnements déjà relevés». D'où la mise en place d'un administrateur dont le rôle sera de redresser la barre avant de permettre de nouveau à cette banque de voler de ses propres ailes. El-Khalifa Bank n'a pas été épargnée comme l'aurait voulu la sacro-sainte notion de «secrets bancaires». Une notion dont ont grandement bénéficié 9 autres banques qui subissent, en gros, les mêmes missions de contrôle et dont personne ne parle pourtant. En médiatisant cette affaire, mettant en difficulté un groupe comme celui de Khalifa, les pouvoirs publics ont donné l'air de chercher la branche sur laquelle ils sont assis.