Le processus de privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA) a connu, la semaine dernière, une nouvelle phase, celle qui concerne cette fois-ci la manifestation d'intérêt. En effet, un communiqué a été rendu public par le ministère des Finances fixant, aux banques intéressées, le 7 novembre 2006 comme date limite pour manifester leur intérêt. Les termes du communiqué précisent que "" les manifestations d'intérêt pour la privatisation du CPA devront être envoyées au plus tard le 7 novembre 2006. Les partenaires stratégiques préqualifiés recevront un appel d'offres incluant un mémorandum d'information et la documentation légale de la transaction ". L'Etat envisage de se dessaisir au profit d'" un partenaire stratégique seul " de 51% de sa participation dans le CPA qu'il détient actuellement à 100%, ajoute le communiqué. Il y lieu de rappeler à ce propos que le processus de privatisation du CPA n'est arrivé à ce stade qu'après que le gouvernement ait échoué plusieurs fois, depuis 1999, à ouvrir le capital des banques publiques algériennes. Des échecs qui ont même amené les deux départements en charge du dossier, en l'occurrence le ministère délégué chargé de la réforme financière et le ministère des Participations, à demander conseil à des banquiers et spécialistes américains de la finance sur la meilleure manière de réussir une opération de privatisation d'une banque. En tout état de cause, la privatisation du CPA devrait être conclue d'ici à février 2007 et c'est de la réussite de cette opération que dépend la suite que réservera le gouvernement à ce processus. Mais, d'ores et déjà, l'opération d'ouverture du capital du Crédit populaire d'Algérie semble promettre un vrai succès, en ce sens que le CPA est considéré comme étant la banque publique la plus préparée pour la privatisation. Plusieurs banques étrangères, notamment françaises, italiennes et espagnoles, sont intéressées par cette ouverture du capital. Réel intérêt des Français En effet, les banques françaises ont manifesté un grand intérêt au projet de privatisation du CPA, compte tenu des avantages que peut fournir cette banque au repreneur, sachant que le réseau du CPA dépasse les 125 agences. Parmi les banques françaises qui ont affiché un intérêt pour la privatisation de cette banque à hauteur de 51%, l'on peut citer BNP Paribas dont une importante délégation s'est entretenue, il y a quelques temps, avec les responsables du CPA pour s'enquérir de la situation de la banque. Une deuxième banque française, la Société générale, s'est également manifestée pour le même objectif et a dépêché à Alger une délégation pour des discussions avec les responsables du CPA. D'autres banques françaises, telles que "Natexis Banque", du Groupe Banque Populaire, le Crédit Lyonnais et le crédit agricole Indosuez, le Crédit Industriel et Commercial (CIC), ont également fait de même et se sont officiellement exprimées pour une éventuelle participation dans le capital du CPA. Mais concrètement, l'appel d'offres de privatisation du CPA qui devrait être lancé prochainement sera précédé de la présentation d'un rapport d'évaluation de cette banque publique par la banque d'affaires Rothschild-France, chargée, en tant que bureau conseil, d'accompagner et d'assister le ministère des Finances dans la préparation, la conduite et l'accomplissement de cette première opération de privatisation d'une banque publique algérienne. Une fois le rapport d'évaluation élaboré, la banque d'affaires, qui a entamé ses travaux en février dernier, sera chargée de " définir la stratégie de privatisation du CPA ". Avec les 12% du marché bancaire algérien qu'il détient via ses 125 agences, le CPA est considéré comme l'une des banques publiques les plus performantes. Le CPA, une des cinq principales banques d'Algérie, créé en 1966, détient un total d'actifs de 429 milliards de dinars (4,8 milliards d'euros). Son capital social a été porté, en 2005, à 21,6 milliards de dinars. Une banque de premier ordre Le bureau d'expertise londonien Oxford Business Group (OBG) avait estimé, l'année dernière dans un rapport que "si la privatisation de 51 % des parts de CPA peut drainer jusqu'à 1,5 milliard de dollars, le but de cette vente ne consiste toutefois pas à rapporter de l'argent à l'Etat, mais plutôt à renforcer le CPA en tant qu'acteur national et régional, avec l'aide d'un partenaire expérimenté dans le secteur bancaire". Ainsi, "le gouvernement ne se contente pas d'un gros chèque, mais recherche une société motivée par l'objectif de transformer le CPA", précise-t-on. De ce point de vue, les candidats devront disposer d'une stratégie afin de développer le CPA et de le transformer en un établissement bancaire régional de premier ordre, car, note-t-on, "le gouvernement recherche une banque en mesure d'apporter son expertise et son expérience afin de rehausser les standards bancaires, au niveau des meilleures pratiques internationales. OBG relève que "l'objectif est de faire du CPA une des banques de premier ordre, non seulement en Algérie, mais dans la région au sens large", et d'ajouter qu'"en contrepartie de ce qu'il apportera, l'acquéreur du CPA bénéficiera d'une attache forte au sein du marché bancaire algérien, qui est en pleine croissance". De plus, racheter le CPA permettra également à la société étrangère d'éviter de perdre du temps à construire un réseau, une base de clientèle et à acquérir une bonne réputation. L'acquéreur devrait néanmoins être "l'un des acteurs principaux du secteur bancaire mondial", soutiennent les experts britanniques. Rappelant que dans un rapport dans un rapport sur la situation du secteur financier et bancaire et la supervision des banques, publié il y a deux années de cela, le Fonds Monétaire International (FMI) a reconnu que l'Algérie s'est "courageusement" engagée dans le processus de modernisation de son système financier, "en dépit des différends sociaux et défis posés par le secteur des hydrocarbures et un secteur public inefficace". Le nombre d'établissements bancaires a commencé à se développer à partir de 1999, précise le FMI. 15 banques privées ont été créées. Cependant, le secteur public demeure prédominant. Le FMI constate, par ailleurs, que les banques publiques continuent à occuper une large proportion de l'activité du secteur bancaire dans sa globalité. Elles représentent 86,5% du bilan global du secteur bancaire, 91% des prêts à long terme et 84% des dépôts bancaires. Le secteur public continue à recevoir la majorité des prêts à long terme (environ 60%). "Les banques portent toujours un volume significatif de portefeuilles de prêts non performants", souligne le rapport. Le FMI trouve le rythme des privatisations lent. Du coup, il propose un délai de cinq ans "aux banques restantes pour se préparer à la privatisation". Selon le FMI, le coût budgétaire pour la restructuration des banques, durant ces dernières années, a été considérable à travers une recapitalisation qui a coûté plus de 74,4 milliards de dinars et un assainissement des entreprises qui avoisine les 672,1 milliards de dinars à fin 2002.