Le mystère de leur disparition comporte les ingrédients d'un événement tragique qui s'est produit. Toutes les activités des forces de sécurité présentes dans le Grand Sud algérien ont été reléguées à un second plan. Le souci premier du commandement militaire et de la Gendarmerie nationale est de retrouver la piste, ou la trace, des 31 touristes européens portés disparus depuis le 21 février dernier. De Tamanrasset à Aïn Guezzam et Bordj Badji Mokhtar, c'est toute la lisière sud des frontières avec le Mali et le Niger qui est passée à la loupe. Toutes les régions militaires jouxtant les frontières (Aïn Sefra, Béchar, Tamanrasset, Djanet, etc.) se relayent, se concertent et, en fait, participent, de façon très active, aux opérations de recherches déclenchées par l'ANP, la Gendarmerie et les unités des gardes-frontières depuis plusieurs semaines déjà. Le triangle Tamanrasset-Illizi-Djanet a été passé au peigne fin, et les moindres recoins soumis aux fouilles les plus minutieuses. Des guides touristiques, ces «fins limiers du reg» ont été intégrés dans les opérations de recherches, qui se poursuivent à ce jour. En clair, c'est à la plus grande opération de recherches jamais déclenchée dans le Sud qu'assistent, sidérées et amusées à la fois, les populations targuies. Près de 1500 hommes participent, de façon active ou indirecte, aux vastes opérations de recherches. D'importants moyens matériels, des hélicoptères détecteurs de chaleur aux véhicules tout-terrain, font partie du maillage qui s'est formé le long des frontières sud et sud-est. Le constat d'échec des recherches entreprises est d'autant plus douloureux que les autorités algériennes, pressées par les chancelleries d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche, se sentent véritablement «piégées» par ces disparitions inexpliquées de touristes étrangers, et doivent, en tant que pays d'accueil de ces 31 touristes disparus sur leur territoire, fournir des explications appropriées. A ce jour, plusieurs explications ont été avancées par les spécialistes, mais aucune n'a été retenue. La liberté de spéculation, le manque d'éléments concrets et d'indices tangibles ont rendu aléatoire toute thèse concernant l'énigme des 31 disparus (15 Allemands, 10 Autrichiens, 4 Suisses, 1 Suédois et 1 Néerlandais), bien que des journaux autrichiens et hollandais aient conclu, hâtivement et retenu la thèse de l'enlèvement des six groupes d'Européens par un groupe islamiste local. Explication très invraisemblable pour l'ensemble des spécialistes du sécuritaire en région du Sud algérien pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons. Ce qui est certain, comme le souligne un haut responsable militaire de la 6e Région militaire, «c'est que la vie des 31 touristes est aujourd'hui en danger, s'ils ne sont pas encore morts». Après près de deux mois de disparition, l'énigme des touristes grossit et l'espoir de les retrouver vivants se rétrécit jour après jour.