Des sources indiquent que ces 31 Européens pourraient être des pilleurs d'objets archéologiques sortis d'Algérie en passant par la frontière libyenne. En dépit des intenses recherches, dans lesquelles sont déployés des moyens colossaux impliquant l'ensemble des services de sécurité du pays, aucune piste probante ne s'est encore profilée. C'est ce qu'il faut en conclure à la lumière des dernières déclarations officielles, pour ne pas dire les seules, faites à ce propos par les autorités algériennes. La porte-parole du gouvernement Khalida Toumi a affirmé, hier, sur les ondes de la Chaîne III, qu'«aucune éventualité n'est écartée» dans l'affaire des 31 touristes européens disparus dans le Sud algérien. En d'autres termes, l'enquête n'a pas beaucoup progressé puisque ce n'est, en général, qu'au début que les enquêteurs n'excluent aucune piste ni thèse. L'affaire, pourtant, remonte à plus de deux mois s'agissant des tout premiers disparus, deux groupes d'Allemands qui n'ont plus donné signe de vie depuis le mois de février dernier. Selon Khalida Toumi, invitée de la Chaîne III, «l'Etat a déployé d'énormes moyens pour fouiller 400.000 km2 de désert». Cette superficie, énorme en effet, a été avancée par la porte-parole du gouvernement en vue de justifier la lenteur que prend ce mystère avant d'être éclairci. «Dès que les recherches aboutiront, l'Etat en communiquera les résultats», a-t-elle encore ajouté. Mme Toumi ne s'est pas appesantie sur les diverses thèses qui tentent d'expliquer cette affaire pour le moins troublante. Reprenant à son compte les déclarations déjà faites par les autorités en charge du tourisme en Algérie, la ministre a indiqué que ces personnes étaient entrées en Algérie par leurs propres moyens et n'avaient fait appel ni à des agences de voyages ni à des guides pour circuler dans le Sahara algérien qui couvre 2 millions de km2. En d'autres termes, ces gens savaient quels risques ils encouraient en agissant de la sorte. Cela en plus du fait que la responsabilité directe des autorités algériennes s'en trouve presque totalement écartée. C'est ce qu'ont reconnu les hauts responsables allemands et autrichiens venus en Algérie précisément à cause de cette affaire. La ministre est revenue avec des termes quasi similaires sur cette affaire lors d'un point de presse animé, hier, au niveau du Centre international de presse. Le même jour, des sources officielles, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat ont accusé ces disparus d'être des pilleurs d'oeuvres archéologiques. C'est ce qu'a révélé hier un haut responsable algérien au journal arabophone paraissant à Londres Asharq Al-Awsat. Cette source n'exclut pas l'éventualité que ces 31 touristes disparus fassent partie de cette catégorie de faux touristes et qu'ils soient rentrés chez eux en passant la frontière sans se faire déclarer. Ces gens, qui profitent de l'impossibilité de surveiller les énormes espaces recelant des oeuvres de grandes beautés et valeurs, emprunteraient les frontières tunisienne et libyenne pour quitter le territoire algérien, ce qui expliquerait qu'ils aient disparu, y compris pour les autorités de leurs pays respectifs. Pour rappel, quinze Allemands, dix Autrichiens, quatre Suisses, un Néerlandais et un Suédois, sont portés disparus dans le triangle Ouargla, Djanet, Tamanrasset. Les premiers disparus n'ont pas donné signe de vie depuis le 19 février dernier.