Ses concepteurs estiment que le projet sera réalisé d'ici au mois d'octobre prochain. L'Ecole nationale des beaux-arts a organisé, récemment, une rencontre-débat autour de la présentation du «projet de Laplateforme». Nous avons sollicité l'un des concepteurs de ce projet, Djamel Kokene, spécialisé en philosophie de l'art, d'expliciter le thème et de nous en donner les grandes lignes. En quoi consiste-t-il? Le principe de ce projet est de permettre tout simplement aux différents individus d'exprimer certaines réflexions politiques, économiques, ou même sociales à travers des créations, voire des formes artistiques. Pour cela, il est impératif de construire ce qu'on appelle Laplateforme en tant qu'espace ouvert, elle vise à confronter différentes pensées à travers des échanges. Explication: prenons par exemple les spots publicitaires diffusés à la TV. En tant qu'images, ils ont un impact très puissant sur l'individu. Cet impact peut se traduire par un changement de comportement, voire même un changement de look. A ce moment-là, l'individu se trouve dans une sorte de «déficit de représentation». Pour faire face à ce déficit et casser cette idée reçue d'un «nous» qui s'oppose à «eux», il faut essayer de créer une forme subversive ou ce qu'on appelle un «modèle de résistance» par rapport à ces idées. La visibilité, elle aussi, fait partie du projet de Laplateforme de Djamel Kokene qui, signalons-le, représente un enjeu stratégique. Dans cet axe, l'artiste doit opter pour les modes de «réappropriation intellectuelle et technique», c'est-à-dire réinventer sa façon de voir, à condition qu'elle soit appropriée à l'idée exprimée, puisqu'il est censé, précise notre interlocuteur, «donner un point de vue différent, transversal, et revendiquer la différence en tant que différence, loin de tout effacement de soi dans l'autre et par l'autre. Être visible, c'est se poser à côté de l'autre comme autre. Non pas en surcharge, en accumulation, mais comme conjonction». De l'avis du concepteur du projet, l'objectif de Laplateforme (en tant que dispositif mobile d'échange et de recherche euro-méditerranéenne en création artistique) c'est de verser dans l'universalité, en rassemblant tous les territoires hétérogènes. Selon M.Kokene, «pour que la création artistique survive, il faut qu'elle sorte de son contexte privé, l'art n'est pas plus occidental qu'oriental ou africain, il n'a ni lieu ni identité. Il est tout simplement omniprésent puisqu'il est en mobilité voire évolution constante.» Lors de cette rencontre l'auditoire présent, composé d'étudiants et de professeurs de l'Ecole nationale des Beaux-arts a trouvé, théoriquement, l'idée du projet de Laplateforme prometteuse, mais l'estime, semble-t-il, irréalisable sur le terrain. C'est l'avis de Mme Adoud, enseignante de sculpture, au niveau de l'Ecole qui a affirmé qu'elle a personnellement «tenté une fois de se faire prêter des conteneurs du port d'Alger pour que ses étudiants puissent travailler dessus mais, malheureusement, les autorités concernées lui ont refusé le prêt sous prétexte qu'il s'agissait de simples étudiants qui n'ont pas d'expérience.» Cependant, avec toutes les connotations faites autour des conteneurs, il fallait sans doute s'attendre à ce genre de réaction. Cependant, tout en encourageant l'initiative de Djamel Kokene, elle a déploré la réaction des autorités qui ont tendance à rejeter l'initiative algérienne et ce, dans quelque domaine que ce soit, alors que, lorsqu'il s'agit d'un «étranger», celle-ci est la bienvenue. «Nos autorités ne comprennent rien à l'art.. Elles n'ont pas le niveau intellectuel», affirme Mme Adoud. Selon Djamel Kokene, le projet de Laplateforme sera a priori réalisé le mois d'octobre prochain. L'objectif est de réaliser des espaces publics aussi bien en Algérie qu'en France. Pour suivre cette grande manifestation culturelle simultanément dans les deux pays, il est prévu de placer deux grands écrans dans chaque port, l'un à Marseille, et l'autre à Alger.