La visite de Belkhadem en Russie, selon des sources diplomatiques, préparerait celle du président russe à Alger dans le courant du mois prochain. Le chef de la diplomatie algérienne, Abdelaziz Belkhadem, en visite officielle à Moscou a entamé, hier, ses séries d'entretiens politiques avec son homologue russe, Igor Ivanov. Les discussions, indiquent les agences de presse des deux pays, ont achoppé sur «l'évaluation de la coopération bilatérale entre les deux pays, ses perspectives et son renforcement, mais aussi sur les questions internationales d'intérêt commun». Ainsi, le sujet irakien a-t-il dû se tailler la part du lion de ces entretiens à la lumière des développements observés dans la région. Alger et Moscou avaient développé un discours similaire avant que ne commence la guerre contre l'Irak. Ce discours privilégiait le droit international et le refus de toute intervention militaire en Irak sans décision ferme et consensuelle prise le Conseil de sécurité de l'ONU. Actuellement, ce sont les menaces qui pèsent sur la Syrie qui semblent le plus retenir l'attention des deux pays. Les deux ministres ont ainsi joint leurs voix pour dire que «Washington doit s'abstenir de menacer la Syrie pour ne pas aggraver la situation dans la région». Le chef de la diplomatie algérienne, à l'instar du Président Bouteflika qui avait déjà eu à s'exprimer sur la question, s'est montré intraitable sur cette question lors d'une conférence de presse commune. «Les menaces sont inadmissibles», a, pour sa part, martelé Belkhadem, ajoutant que «les principes du droit international, la souveraineté des Etats, leur indépendance et leur liberté de choix en ce qui concerne les régimes qui doivent les diriger doivent être strictement respectés». M.Belkhadem a catégoriquement rejeté «toute ingérence dans les affaires intérieures de la Syrie, qualifiée par lui d'‘‘inadmissible''». Cela avant de faire allusion au pouvoir caricatural mis en place en Irak pour souligner finement qu'«il ne peut y avoir aucun régent au-dessus des systèmes démocratiques». L'allusion est on ne peut plus claire, puisqu'elle concerne le fait que les Américains étaient censés libérer et démocratiser l'Irak et non pas le régenter de manière coloniale digne du siècle passé au point de lui interdire de prendre part à la réunion de l'Opep, prévue aujourd'hui à Genève. Le ministre des Affaires étrangères russes, de son côté, a précisé que «la politique des menaces sans présentation de faits concrets peut aggraver encore la situation déjà compliquée de la région». Ivanov a touché du doigt la différence fondamentale qui existe entre la Syrie et l'Irak et qui devrait faire en sorte qu'un deuxième conflit armé n'éclate pas dans la région: «Des relations diplomatiques existent entre la Syrie et les Etats-Unis. Toute crainte (d'un côté ou de l'autre) doit être réglée dans le cadre de ces relations». Cette sortie commune intervient à un moment où la tension vient de baisser d'un cran entre Washington et Damas, donnant plus de poids à la thèse qui veut que ce soit plutôt l'Iran qui soit inscrit en tête de liste des Etats à abattre dans la région afin de garantir la sécurité d'Israël et de réussir la reconfiguration de toute la carte géostratégique du Golfe, Damas venant après Téhéran et Riyad. Le chef de la diplomatie algérienne, qui a également mis en exergue l'«excellence des relations entre les deux pays, doit également avoir des entretiens avec le ministre russe de l'Industrie, Ilia Klebanov, ainsi qu'avec les présidents du conseil de la fédération et de la Douma». Cette visite, déjà qualifiée de fructueuse sur le plan diplomatique, annonçant de nouvelles perspectives dans les relations économiques et commerciales entre les deux pays, serait venue préparer celle du président russe, Vladimir Poutine, à Alger dans le courant du mois prochain.