Romano Prodi, président du Conseil italien, visite, à partir d'aujourd'hui, l'Algérie. Après le Liban, c'est le deuxième pays visité depuis son arrivée au pouvoir à Rome après les élections législatives d'avril 2006. La dernière venue de Romano Prodi en Algérie remonte à 2003 lorsqu'il était à la tête de la Commission européenne. En cette qualité, et depuis 2001, il avait grandement contribué à la signature de l'accord d'association entre l'Union européenne et l'Algérie. A Alger, Romano Prodi aura des entretiens avec le président Abdelaziz Bouteflika et le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem. Il présidera, selon des sources diplomatiques, à l'hôtel Sheraton (ouest d'Alger), un forum des hommes d'affaires avant de rencontrer la presse en début de soirée. Mercredi matin, il ouvrira les portes de la première école italienne en Algérie, située au quartier des Anassers. Une école qui accueillera, principalement, les enfants de la communauté italienne installée dans le pays et estimée à un peu plus de 1000 personnes. L'accord d'assistance aux PME algériennes sera officialisé à la faveur de cette visite. L'Italie, qui est leader européen en nombre de PME, va apporter son expertise pour aider à la création et à la gestion des petites et moyennes entreprises en Algérie. L'opération sera financée, en partie, par la Simest, un organisme financier semi-public. Rome souhaite vivement intensifier sa coopération économique avec Alger pour équilibrer la balance des échanges, largement en faveur de l'Algérie, et réduire les écarts. Selon des chiffres de l'Institut italien des statistiques, les exportations algériennes vers l'Italie ont, pour les 7 premiers mois de 2006, dépassé les 5 milliards d'euros, soit une évolution de 37% par rapport à l'année écoulée. L'Algérie a importé de l'Italie, durant la même période, presque un milliard d'euros. Des importations en nette augmentation. L'Italie demeure le premier client de l'Algérie et deuxième fournisseur après la France. Les inquiétudes italiennes exprimées à propos de la fourniture en gaz, depuis l'éclatement de la crise de l'hiver dernier entre la Russie et l'Ukraine, ne seront pas nécessairement une priorité des discussions officielles de Romano Prodi, même si la question sera abordée. De sources diplomatiques, on estime que c'est une crainte qui a été surtout soulevée par la firme pétrolière ENI qui craignait la résurgence « d'un cartel gazier » entre l'Algérie et la Russie (37% du gaz importé par l'Italie provient d'Algérie). Alger et Moscou ont signé des accords énergétiques de grande importance. Les responsables des firmes russes Gazprom et Loukoïl ont visité à plusieurs reprises l'Algérie. Loukoïl va bientôt ouvrir une représentation à Alger. L'Italie, qui achète 26% de son gaz de la Russie, souhaite accélérer les négociations pour mettre sur les rails le projet du deuxième gazoduc, Galsi, après le Transmed. Le projet sous-marin Galsi, qui regroupe sept firmes dont Sonatrach et qui passera par la Sardaigne pour rejoindre l'Italie, suivie de près par l'Union européenne, va permettre au vieux continent d'être mieux fourni (51% du gaz consommé est importé). L'Algérie est le troisième fournisseur de l'Europe après la Russie et la Norvège. Le Galsi fera l'objet, théoriquement, d'un accord bilatéral entre les deux gouvernements, à établir prochainement. Sur le plan politique, l'Italie bénéficie de préjugés favorables, selon le propos même de Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères qui a visité Rome ces dernières semaines. Le chef de la diplomatie algérienne avait souhaité que la coopération entre les deux pays passe à un niveau qualitatif, surtout en matière d'investissements directs. En valeur, ces investissements ne dépassent pas, pour 2006, les six milliards de dollars. Rome et Alger sont, depuis 2003, liées par un traité d'amitié, dont la signature n'avait été précédée d'aucune conditionnalité. Le dossier de l'immigration clandestine, qui demeure une préoccupation pour Rome, sera abordé pour mieux coordonner les visions. L'Italie partage la vision de l'Algérie quant au traitement global du phénomène. Après Alger, dans les prochains mois, Romano Prodi ira en Tunisie, en Libye et au Maroc pour discuter de ce même problème, avec une approche différente. En pratique, l'Italie n'est pas « une grande destination » des candidats algériens à l'immigration. Les deux pays ont signé un accord de réadmission pour permettre un rapatriement légal des harraga éventuels.