Les troupes d'élites de l'Oncle Sam pourraient franchir la frontière séparant l'Irak de son voisin. La tension, désormais, monte d'heure en heure entre Washington et Téhéran. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Kamel Kharazi, s'attendant au pire, vient de mettre en garde les marines patrouillant le long de la frontière séparant les deux pays de ne pas «franchir la ligne rouge». La France, qui s'attend à des «représailles» de la part des Américains à cause de ses positions pacifistes, semble, de nouveau, être dans l'oeil du cyclone puisque cette mise en garde a été faite lors d'une conférence de presse conjointe avec le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin. Son homologue iranien, tout en rappelant que ce phénomène n'était pas nouveau depuis le début de la guerre contre l'Irak, n'en a pas moins précisé que l'Iran allait «défendre ses frontières». C'est la première fois que l'option militariste est évoquée de manière aussi explicite. Il faut croire que l'Iran a fini par comprendre que la Syrie n'était qu'un leurre et qu'il est le suivant sur la liste US depuis que les moudjahidine du mouvement Khalk, hostiles au régime de Téhéran, n'ont pas été désarmés par les troupes US. Là encore, le scénario semble classique puisqu'il serait hasardeux de changer une formule qui gagne. Les Américains accusent les Iraniens de vouloir développer l'arme nucléaire sous le couvert de différents programmes civils. Cette question a été évoquée par le président iranien à la suite de l'audience accordée, jeudi, à Dominique de Villepin. L'Iran rejette les inspections implicites en refusant toujours de signer le protocole additionnel au TNP (Traité de non-prolifération nucléaire). Dans un communiqué rendu public à la suite de cette audience, le président iranien, Mohammad Khatami, s'est demandé «pourquoi les pays possédant la technologie n'ont pas respecté les principes du TNP et ne nous ont pas aidés à l'acquérir à notre tour». L'Iran, qui voit l'étau américain l'enserrer, ne perçoit pas de solution immédiate que dans le retrait des troupes américaines du territoire irakien. C'est pourquoi le président iranien, dans le même communiqué, insiste sur «la nécessité de préserver l'intégrité territoriale de l'Irak, son indépendance et la faculté des Irakiens à décider de leur propre sort quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse, et sans l'intervention des gouvernements des forces étrangères». Paris, de son côté, devrait réfléchir mûrement avant de tenter de s'opposer de nouveau frontalement aux plans américains. Bien au contraire. Les Français semblent vouloir jouer une sorte de rôle de cheval de Troie américain dans la région, puisque de Villepin a profité de cette visite pour demander aux Iraniens d'accepter les inspections inopinées sur leur territoire alors que le refus de Téhéran ne faisait aucun doute pour personne, et certainement pas pour un diplomate chevronné de la trempe du chef de la diplomatie française, de Villepin. La France aura ainsi un bon alibi au cas où elle viendrait à éviter de se prononcer contre la guerre en Iran.