C´est dans des circonstances pareilles que l´on évalue ce qui sépare un pays sous-développé d´un pays développé : là il n´y a pas que la mer Méditerranée qui sépare l´Algérie de la France, il a aussi un océan de traditions de luttes... La ville de Cannes a, comme chaque année, préparé fébrilement le festival du cinéma. C´est une occasion non seulement pour la ville d´attirer une foule de touristes de toutes classes mais aussi le moment ou jamais pour les professionnels du cinéma français, producteurs et distributeurs de chercher à valoriser la production cinématographique qui a du mal à se relever des accords Blum-Byrnes de 1946 (accords qui imposaient à la France exsangue un quota obligatoire de films américains dans la programmation des salles). Depuis, beaucoup de voix de syndicalistes de la profession se sont élevées afin que le gouvernement français augmente son aide à un secteur qui était en plein dépérissement, d´abord suite à la Seconde Guerre mondiale, ensuite à cause de l´intrusion du petit écran dans les foyers... Cette année, le Festival, comme en 1968, a failli ne pas avoir lieu et pour cause, les intermittents du spectacle (ensemble des professions intervenant lors des tournages de films) qui, les mois derniers étaient méprisés et par le patronat et par le gouvernement, ont pris l´initiative de s´infiltrer comme des grains de sable dans les rouages bien huilés de l´organisation du Festival. Ils avaient d´abord bloqué l´envoi des copies de film pour Cannes, puis ont menacé de chahuter le Festival proprement dit. Alarmés, les professionnels du tourisme, restaurateurs et hôteliers, sont intervenus pour demander des mesures. Comme par enchantement, le chef du patronat comme le ministre de la Culture sont devenus plus conciliants: un accord est signé entre les intermittents et les organisateurs du Festival. L´image de marque de la cinématographie et du tourisme français est sauve. Cette tactique du syndicat des intermittents du spectacle est à rapprocher de la stratégie du Polisario qui jadis, concentrait ses attaques sur le train minéralier de Nouadhibou. La Mauritanie dut se retirer après la destruction de quelques trains. Pendant ce temps, les ministres de la Culture et de la Communication se partagent les oripeaux de la culture algérienne...