Le regretté Rachid Mimouni l´a bien montré dans son chef-d´oeuvre Le fleuve détourné. Ce sont les peuples les plus faibles qui occupent les terres les plus pauvres. Les envahisseurs occupent les terres les plus grasses et les plus rentables et les populations indigènes sont refoulées vers les montagnes, les déserts, les terres les plus arides où les gens vont au fil des siècles s´adapter à leur environnement jusqu´à créer un mode de vie original. Le film Coeur de tonnerre diffusé par France 2, mardi, est un scénario à mi-chemin entre un western moderne et un film policier. L´action se déroule dans un paysage lunaire: une réserve d´Indiens Sioux du Dakota du Sud à proximité des montagnes crayeuses et d´une rivière boueuse. Le village situé au bout d´une piste poussiéreuse est composé de vieilles cabanes en préfabriqué ou de caravanes rouillées. Des voitures en panne complètent ce paysage désolé qui fait dire au personnage principal: «C´est le tiers-monde en Amérique». Les Indiens vivent ou plutôt survivent de rentes versées par le généreux gouvernement des Etats-Unis qui commencent à ne s´intéresser qu´aux espèces en voie de disparition. Le cours de la vie aurait pu s´écouler aussi tranquillement au rythme lent de la rivière qui borde la réserve si une série de meurtres n´avait endeuillé la petite communauté qui n´était pas aussi unie qu´elle paraissait. En effet, la tribu est divisée en deux camps farouchement opposés: les traditionalistes (B.R.A.) qui sont pour un retour aux sources des us et coutumes indiennes et les dialoguistes (G.O) qui sont pour une obéissance aveugle aux agents du gouvernement. Ils sont armés, sont organisés comme des membres du K.K.K. et organisent les «faux-barrages» pour intimider leurs adversaires. Des personnages hauts en couleur composent une riche distribution servie par de grands acteurs. Un policier local «Cheval Noir» qui raisonne comme Sherlock Holmes, lit sur la piste comme dans un livre ouvert et «sait écouter le vent», un vieil indien qui symbolise à lui seul, la pérennité de la tribu et la sagesse indienne: il a des visions surtout après avoir roulé un joint et possède une intuition qui fait de lui un sorcier. Pour compléter le tableau, il y a une jeune institutrice qui veille sur la santé des siens et fait des prélèvements dans la rivière pour contrôler l´état des eaux. Le jeune agent du FBI (Bureau fédéral d´intimidation) envoyé sur les lieux pour seconder un vieux ripoux, est un sang-mêlé dont l´un des ancêtres était Sioux. Les visions qui vont l´assaillir lui feront choisir le camp de la justice et de la légalité. Le vieux ripoux qui a été démasqué ne risquera qu´une peine administrative. Cela ne vous rappelle rien?