Cette plaie de l´humanité, qu´on croyait bannie à tout jamais depuis son abolition à la fin du XIXe siècle dans les pays colonisés par les nations européennes, continue, paraît-il, de sévir un peu partout dans le monde sous différentes formes. Tous les jours qui passent rapportent des fais divers qui font ressortir que des êtres humains ne sont pas mieux traités par leurs employeurs que les esclaves dans l´Antiquité. En ces temps lointains, les esclaves sont en général des prisonniers de guerre, des gens fortement endettés et insolvables ou des enfants d´esclaves. L´esclave avait un statut. Son maître avait le devoir de bien le traiter et est responsable devant la loi de sa santé et de son bien-être. Le maître avait le droit de le vendre et de l´affranchir: un document écrit sanctionnait ces actes. Au XIXe siècle, à Haïti, lors de la révolte des Noirs menés par Toussaint Louverture, certains ont incendié les plantations et les demeures de leurs maîtres, d´autres par contre, ont cherché à protéger et à rester auprès de leurs maîtres, car ils ne connaissaient pas d´autre mode de vie. La France a été secouée ces dernières années par des affaires judiciaires qui ont éclairé d´un jour particulier les relations employeurs-employés au pays des droits de l´Homme. Un couple de Français et l´épouse d´un diplomate du Moyen-Orient ont été inculpés de séquestration de personnes: ils avaient tout simplement ramené à Paris, dans leurs bagages, des servantes d´Afrique et d´Asie et leur avaient confisqué leur passeport. Ils les faisaient travailler sans leur verser une quelconque indemnité et ne les ont pas déclarées aux assurances sociales. Arte vient de diffuser un reportage intéressant sur les formes de l´esclavage moderne. Le premier concerne le Soudan, ce pays dévasté par trente années de guerre civile et par l´islamisme. Des gens sans scrupules, des Soudanais du Nord massacrent des villages entiers dans la province du Dhafour et poussent des millions de Noirs à se réfugier au Tchad. Les prisonniers sont réduits à l´esclavage et sont vendus au Soudan même. Des organisations internationales non gouvernementales ramassent de l´argent en Occident et procèdent au rachat de ces esclaves. Un problème dont Bush n´a peut être pas entendu parler puisque le Soudan n´a pas de pétrole. Au Brésil, ce sont des individus qui ont accaparé de grands pans de jungle sans autorisation préalable. Ils les font défricher par des travailleurs non déclarés qui ne reçoivent aucune indemnité. Le patron se contentant de leur procurer une maigre nourriture et le droit de bâtir leur cabane sur les terres défrichées. Ces êtres sans attaches et sans ressources ont échoué dans ces zones de non-droit à cause du chômage qui règne au Brésil, présenté en Occident comme un miracle économique. Le gouvernement Lula s´attelle à faire disparaître cela. En Algérie, peut-être que ce genre d´esclavage moderne n´existe pas, mais l´économie informelle prend de plus en plus d´ampleur: beaucoup de travailleurs dans tous les secteurs, primaire, secondaire et tertiaire, ne sont pas déclarés et sont démunis de tout contrat de travail.