Pendant presque 4 siècles, des hommes, des femmes et des enfants noirs africains ont été envoyés de force en Amérique pour y être vendus. La traite négrière a coûté la liberté à 11 millions de personnes, sans compter les morts sur les navires ou lors des guerres et des razzias. Avec la découverte de l'Amérique par les Occidentaux, se met en place la traite des Noirs à grande échelle. Espagnols, Portugais, Anglais, Hollandais et Français ont besoin de main-d'œuvre pour mettre en valeur le Nouveau Continent. Or, les indigènes sont décimés par les guerres, les maladies importées d'Europe et par les mauvais traitements. D'où l'idée « d'importer » des Noirs que l'on suppose plus robustes. Pour donner un caractère juridique à cette exploitation, le Français Colbert promulgue en 1685 « le Code noir », qui rend officiel l'esclavage. La traite négrière est connue sous le nom de commerce triangulaire. Les bateaux, les « négriers », naviguent entre trois étapes successives. De l'Europe à l'Afrique, tout d'abord. Les négriers vont chercher les esclaves noirs sur la côte occidentale de l'Afrique, entre Gorée (une petite île en face Dakar au Sénégal) et le Mozambique. Puis, les navires prennent la direction de l'Amérique. Les esclaves sont vendus dans l'archipel antillais, au Brésil et dans le sud des « treize colonies » qui forment la côte est des Etats-Unis actuels. Quelques-uns sont également vendus dans l'empire espagnol : au Mexique, au Pérou, en Colombie et au Venezuela. Troisième étape : retour en Europe. Les négriers y jettent les amarres, les cales débordant de produits tropicaux. Au début du XVIIe siècle, 300 000 esclaves venant d'Afrique sont « livrés » en Amérique mais ils coûtent encore cher et la traversée de l'Atlantique reste un exploit. En un siècle, tout va changer. Car les Européens se prennent de passion pour le « petit déjeuner à la parisienne »... le café au lait sucré. Il faut donc importer du café et du sucre en grande quantité. De plus en plus d'esclaves sont alors « nécessaires » dans les plantations outre-Atlantique. Plus de 6,5 millions d'esclaves sont vendus en Amérique au XVIIIe siècle. Les Britanniques cherchent à détenir le monopole de la traite des Noirs. Les Français ne cessent de les talonner, en dépit d'un arrêt du Parlement de Bordeaux proclamant en 1571 que « la France, mère de la liberté, ne permet aucun esclave ». Dans les ports africains, les esclaves arrivent en longues files, tel du bétail humain, pour être vendus aux négriers. Les captifs sont enchaînés mais sans entraves aux pieds. Ils sont conduits jusqu'à la côte, chargés du matériel des marchands. Lord Palmerson décrit le traitement des esclaves dans ses récits de la traite : « Les prisonniers étant faits, on procède au choix. Les individus robustes des deux sexes et les enfants, à partir de six ou sept ans, sont mis de côté pour former la caravane qui doit se diriger vers la côte, les autres sont laissés sur place ou massacrés, les vieillards finissent par mourir de soif ou de faim. » Au XIXe siècle, les Etats européens bannissent progressivement l'esclavage. La Grande-Bretagne l'abolit en 1833 et la France en 1848. Néanmoins, la traite persiste dans les colonies néerlandaises jusqu'en 1860. L'Espagne ne l'abandonne à Porto Rico qu'en 1872. L'esclavage ne disparaît à Cuba et au Brésil qu'en 1885 et 1888. Et Aux Etats-Unis, après la guerre de sécession.