Les films à message politique sont les plus durs à faire. Il faut que le réalisateur évite à tout prix l´écueil du film-slogan où les personnages campés sont des archétypes sans nuance de la société décrite et où les dialogues semblent être tirés tout droit d´un manifeste: le manichéisme est le pêché mignon de ces films maladroits qui sont l´apanage des pays à pensée unique. Quand les scénaristes d´Hollywood prennent le problème en main, ils n´oublient pas, même pour une intrigue très simple, de l´envelopper dans une histoire d´amour, un problème humain avec des développements sociaux et psychologiques et d´y broder mille détails qui font oublier les clichés les plus criants. Et, par dessus tout, les personnages qui évoluent dans l´intrigue forment la gamme la plus complète de la société décrite sans frontière nette entre eux. C´est le défi relevé dans le film Jamais sans ma fille qui semble tout droit sorti des services psychologiques de la CIA ou de Voice of America. La première précaution prise par le réalisateur est de prendre comme principal interprète une comédienne de talent qui s´était illustrée dans un remarquable film sur le syndicalisme aux Etats-Unis. Il s´agit de Sally Field qui incarnait une travailleuse révoltée dans le film de Martin Ritt, Norma Rae. Avec une étiquette progressiste pareille, on ne peut suspecter la comédienne, et le message passe... Une citoyenne américaine est mariée à un médecin iranien qui a fini ses études aux USA. Une petite fille renforce les liens de ce couple uni par l´amour. Le film débute par la vision idyllique d´une maison de campagne américaine où vit le couple mixte, hébergé par les parents de Betty. Cependant, le médecin iranien qui travaille dans un hôpital américain subit les sarcasmes de ses collègues américains, depuis que Khomeyni a pris le pouvoir à Téhéran. Alors, la petite famille décide de faire une courte visite à la famille à Téhéran. Arrivés là, tout se complique. Ils ne peuvent plus ressortir. La femme et la fille doivent porter le tchador. Le mari est complètement submergé par une nombreuse famille fanatique menée par un patriarche qui régente tout. L´Américaine se bat de toutes ses forces pour s´évader de cette grande prison où les «gardiens de la foi» contrôlent tout, de la longueur du tchador jusqu´à la mèche de cheveux rebelle échappée d´un foulard trop lâche. Heureusement qu´il y a une mince frange d´Iraniens qui luttent pour les droits de l´Homme et de la femme. C´est au milieu de bombardements irakiens que la mère et la fille s´évadent... grâce à des passeurs kurdes. Un film à voir absolument sur TPS!