Le contexte politique national actuel met très mal à l'aise les partis islamistes. Un FLN rajeuni et moderne vient enfoncer encore plus le clou dans cette mouvance. Les derniers changements qu'a connus la classe politique ne sont pas pour conforter le MSP et Ennahda. Un vent de panique saisit ces deux formations politiques à telle enseigne qu'elles courtisent carrément le RND, en vue d'organiser des rencontres de concertation sur la situation politique qui prévaut sur la scène nationale et des possibilités de coordination en vue des prochaines joutes électorales. Face à ces démarches de séduction, la formation d'Ouyahia affiche un niet catégorique. Le ministre de la Justice n'a, d'ailleurs, jamais caché son aversion de l'idéologie islamiste. Ouyahia, du RND, penche plutôt du côté FLN version Benflis: un allié de choix pour une éventuelle alliance stratégique en vue des prochaines échéances électorales. Un membre de l'organique du bureau national du RND affirme, comme rapporté par un confrère, que son parti «a refusé d'organiser des réunions avec les responsables des deux mouvances MSP et Ennahda, pour la simple raison que le RND n'y trouve aucun motif valable pour le moment». Le membre du bureau national du RND, Abderrahim Stouti, affirme, de son côté, que son parti aurait été destinataire de propositions allant dans ce sens de la part d'autres formations mais que la direction du RND aurait refusées. Quant aux contacts réels ou supposés des leaders d'Ennahda et du MSP avec le RND, ils ne font que traduire, en fait, l'appréhension d'être marginalisés sur l'échiquier politique post-électoral. D'autant plus qu'un FLN hégémonique se fait de plus en plus pressentir. Et qu'un classement tactique donnerait le RND en deuxième position. Cette bipolarité pulvériserait tout bonnement les partis islamistes. Le précédent feuilleton estival tournant autour de l'élection de Mohamed Faden au Conseil constitutionnel ne plaide pas en faveur d'un tel rapprochement. Rappelons-nous du recours formulé par le MSP et de la fameuse sentence RNDiste: «L'accès d'un élu MSP à l'institution de Bouchaïr est une atteinte au caractère républicain de l'Etat.» De toute évidence, le MSP, qui est en mauvaise posture, reste en quête d'une formation politique importante à laquelle il veut s'arrimer afin de ne pas faire figure de cinquième roue de la charrette. Extrapoler le vécu du MSP aux autres formations islamistes ne serait pas fortuit. L'inconfort qu'elles connaissent les pousse toutes à réfléchir à de meilleurs lendemains.