Enfin, les fans de Koh-Lanta sont ravis. L´aventure est finie. Les vainqueurs sont au bout de leurs peines. Les vacances au grand air sont terminées. Les Ulysse de banlieue vont pouvoir refaire leur quotidienne odyssée entre le boulot et leur dodo. Pourtant, mardi, l´attention du téléspectateur peut être retenue par un court-métrage réalisé sur les collines des contre-forts des Alpes de Haute-Provence. Le sujet traité peut paraître banal pour un citoyen originaire de la Kabylie, puisqu´il traite d´un arbre majestueux qui compose le paysage de cette région où les terres pauvres abritent une richesse oubliée, puisqu´elle a été souvent la seule richesse des pauvres : l´olivier. La chaîne Encyclopédia, dans sa série intitulée Gaïa, rend à sa façon hommage à cet arbre qui pendant des millénaires a prodigué aux populations méditerranéennes ses multiples bienfaits. Considéré dans les différentes mythologies comme un arbre divin (le rameau d´olivier de la colombe de l´arche symbolise la réconciliation du créateur avec ses créations), l´arbre mérite cette considération pour ses multiples qualités. Poussant sur des terrains pauvres ou abrupts, sa résistance au climat sec lui vaut le respect des paysans. Comme il nécessite dix années d´existence pour devenir «rentable», il symbolise plus qu´un autre arbre, la paix qui manque tant aux peuplades livrées perpétuellement à la guerre. Pourtant, dans le film diffusé par Gaïa, on est loin des scènes si familières en Kabylie, où des familles entières se mobilisent, dès le mois de novembre, pour procéder à la récolte des olives : hommes, femmes et enfants, vieux et jeunes, tout le monde met la main à la pâte pour cueillir, gauler, ramasser les petits fruits verts, noirs ou bleus d´arbres pluri-centenaires. Les huileries traditionnelles avec leurs fosses faites de pierres plates où les femmes écrasent de leurs pieds nus la récolte, voisinent avec les presses modernes. L´ambiance change dans les villages où flottent dans l´air humide des parfums d´huile chaude. Pourtant, le documentaire s´attache plus au traitement quasi industriel de l´olivier. Des paysans, nouvellement installés, cultivent des terrasses abritant plus de 2000 oliviers qui nécessitent, contrairement à l´idée généralement installée, beaucoup de soins: taille annuelle des rameaux, nettoyage des sols, suppression des arbres et arbustes qui pourraient gêner l´épanouissement de l´arbre qui a tendance à étendre ses ramures dans toutes les directions. Un triple traitement contre les parasites, chimique ou bactériologique est incontournable dans les régions humides qui favorisent des maladies mortelles pour l´arbre. L´outillage est aussi des plus sophistiqué. Le ramassage se fait à l´aide de grandes bâches. Dans les pressoirs, on sépare le grain des feuilles par ventilation, avant de laver à grande eau les fruits qui sont aussitôt dirigés vers les meules. Tout est mécanique. Pourtant, le produit est de qualité et les oléiculteurs se font un orgueil de classer et traiter le liquide obtenu comme on classe la divine liqueur issue de la treille grâce au concept de l´appellation d´origine contrôle. L´huile d´olive, après avis de la faculté, reprend sur la table la place qui lui est due.