Vraiment, le programme de dimanche soir est tellement riche qu´on n e sait plus où donner de la «zapette». Sur Berbère TV, un débat fort passionnant sur le rôle du poète dans la société kabyle. C´est l´occasion pour les intervenants qui se sont exprimés dans un berbère maîtrisé, de faire une longue digression sur le poète disparu Cheikh El Hasnaoui, sur son riche répertoire, son inimitable voix et surtout, son style : il fut le premier à s´exprimer en lieu et place des femmes et prendre la défense de celles séparées de leurs maris en exil et surtout, d´afficher une modernité très tôt. Ailleurs, c´est la rediffusion de remarquables adaptations de grandes oeuvres littéraires au cinéma : il faut citer d´abord le chef-d´oeuvre de Stanley Kubrick, la première version en noir et blanc du best-seller de Vladimir Nabokov, Lolita où à partir d´un amour quasi incestueux, le cinéaste brosse une critique de la société américaine puritaine, contrairement à la version couleur, d´un érotisme torride, où Jeremy Irons campe un beau-père dépassé par les événements. Mais le clou de la soirée fut sans conteste, Le dernier des Mohicans, adapté du célèbre roman de l´écrivain Fenimore Cooper, pionnier de la littérature western américaine (Bas-de-cuir, Le chasseur de daims...). D´abord, la première remarque à faire est que c´est un grand film à spectacle dont l´action se déroule dans de splendides paysages de la forêt canadienne, bois d´érables, cours d´eau à eau limpide, roches escarpées, précipices, cascades, accentuent le caractère sauvage de la contrée. Ensuite, une très riche distribution qui réunit, outre de grands acteurs, une foule de figurants dont les uniformes (tuniques rouges pour les Anglais, tuniques bleues pour les Français), contrastent avec le costume réduit des peaux-rouges. Et pourtant, l´intrigue est fort simple: un jeune officier anglais fraîchement débarqué au Canada, va tenter de rejoindre le fort où il est affecté en compagnie de sa fiancée dont le père est justement commandant du fort. Or, la guerre fait rage en Europe entre la France et l´Angleterre, et cette guerre se poursuit en Amérique entre colons français et colons anglais, défendus par leurs garnisons respectives. Le hic, c´est que les colons ont engagé dans la guerre sans pitié qu´ils se livrent, des tribus indiennes qui n´avaient rien à voir dans ce conflit. C´est alors une suite de massacres où les indigènes et les colons sont les premières victimes dans une histoire qui ne manque pas de trahisons, de gestes héroïques, de grande bravoure et d´esprit chevaleresque. On ne manquera pas de remarquer au passage que partout où ils passent, les colonialistes utilisent les populations indigènes comme chair à canon. Rappelons simplement que pour conquérir l´Algérie, la France a utilisé des tribus d´une région contre les tribus d´autres régions. C´est le sort des nations qui n´ont pas encore fait leur unité nationale.