Le 15e anniversaire de la chute du mur de Berlin n´arrête pas d´être célébré par la société occidentale triomphante. Et la première chaîne qui commence à en faire un peu trop est bien entendu la chaîne franco-allemande, Arte. C´est une succession de films de fiction et de documentaires sur la période du mur, de films sur le régime est-allemand et sur les méfaits de sa police spéciale «La Stasi». On n´arrête pas de voir Gorbatchev et son épouse se promener avec les dirigeants ouest-allemands, négocier avec eux du plus grand contrat immobilier jamais conclu entre deux pays. Les interviews des dirigeants politiques mettent surtout en relief les difficultés économiques de l´URSS et de la RDA, mais surtout de la disponibilité de Mikhaïl Gorbatchev à «lâcher le morceau» contre un bon paquet de Marks : pas moins de cent milliards ! Dès lors, les manifestants ouest-allemands peuvent commencer à grignoter un mur infâme qui a poussé au coeur d´une même nation. Une sensation d´euphorie va s´installer chez les populations de l´Allemagne de l´Est, frustrées de voir leurs concitoyens de l´autre côté du mur nager dans le bonheur et vivre la pleine société de consommation. Outre la réunion de familles longtemps séparées qui vont se retrouver, c´est surtout le spectacle humiliant d´une société longtemps privée «de sortie» qui va émouvoir les spectateurs : des familles entières se jeter sur les magasins de l´Ouest et dépenser allègrement et légèrement, l´allocation octroyée par le gouvernement ouest-allemand d´Helmut Kohl d´abord, puis leurs économies ensuite, après avoir échangé deux Marks est-allemands contre un seul Deutsche Mark. La suite sera moins gaie. Les citoyens est-allemands auront des lendemains de fête douloureux: les régions de l´Allemagne orientales connaîtront une longue récession économique. Le chômage s´installera durablement dans cette partie du pays avec les conséquences négatives inhérentes à toute crise économique: résurgence des partis d´extrême droite et de la xénophobie avec la violence que cela implique. Dans le film Les trois vies de Rita Vogt, Volker Scheloudorf, un cinéaste ouest-allemand spécialisé dans les films historiques et la restitution d´atmosphères des époques charnières de l´Allemagne (Les Désarrois de l´élève Toerless, Volker Haas, le Tambour) va décrire l´itinéraire d´une jeune femme terroriste depuis Beyrouth où elle a prêté un coup de main aux forces de gauche impliquées dans la guerre civile libanaise jusqu´à la chute du mur. Faisant partie d´un groupe terroriste comme celui de Baader-Meinhof, un groupe liquidé par les autorités ouest-allemandes dans les cellules mêmes de leur prison, Rita Vogt, après quelques braquages de banques et les meurtres inévitables conséquents à ces actions violentes, est prise en charge par la police secrète est-allemande. Elle quitte le mouvement terroriste pour mener une vie banale dans une cité dortoir est-allemande et travailler dans une usine obsolète de tissus. Elle se liera d´amitié avec une jeune femme paumée qui rêve de passer à l´Ouest. Sa troisième identité, elle la prendra dans une autre ville où elle se fera remarquer dans une société de construction.Son passé la rattrape avec la chute du mur de Berlin: pendant que les grands responsables s´en tirent plutôt bien, les terroristes sont traqués et battus!