Jeudi 2 décembre: quelques chaînes ont célébré le deuxième bi-centenaire du sacre de Napoléon 1er, le premier grand empereur de la période contemporaine qui allait annoncer les venues d´Hitler et de Bush. Mais personne n´a fait le rapprochement: il y a des champs de bataille dont il ne faut pas parler car ils sont protégés par Wall Street... L´autre grand événement (encore un massacre), c´est le vingtième anniversaire de la tragédie de Bhopal, cette petite ville indienne qui a été décimée par la fuite d´un gaz toxique, échappé d´une usine de l´Union Carbide. Cette multinationale américaine qui avait installé là une usine de pesticides très polluante, grâce à la complicité de quelques hauts fonctionnaires qui se sont rempli les poches, au détriment des citoyens innocents dont 20.000 trouvèrent la mort, cette nuit du 2 décembre 1986 et dont les survivants resteront marqués à vie par de dramatiques séquelles. Un accident, cela peut arriver, me direz-vous? Oui, mais quand les sirènes d´alarme sont débranchées, c´est un crime. Quatre sous ont été donnés à chaque survivant de ce massacre, mais aucun dirigeant de l´Union Carbide n´a été condamné : le dollar a des arguments imparables. Quand je pense que Saddam Hussein va être condamné pour avoir utilisé des gaz toxiques contre un village kurde, situé sur le sol irakien... Il paraît même, que ce village frontalier aurait été la cible de l´artillerie iranienne... Fermons la parenthèse sur ces écarts de la justice des hommes et intéressons-nous au programme de la télé nationale qui vient consoler ceux qui ont été sevrés des chaînes numériques en leur proposant une comédie policière des plus hilarantes avec, dans les rôles principaux, Eddie Murphy et Robert de Niro, deux grosses pointures du box-office hollywoodien, qui peuvent assurer, rien que par leur présence, de substantielles rentrées à n´importe quel navet. Dans l´histoire du cinéma américain, le flic est le personnage central (contrairement aux cinémas du tiers-monde où les régimes policiers et militaristes interdisent toute mauvaise plaisanterie à l´égard du pivot du système rentier. Depuis l´époque du muet où les «slapsticks» ont ridiculisé à volonté cette silhouette de gros flic bien nourri, bête et méchant, avec de grosses moustaches, le policier a été traité sur tous les tons : cela va du flic honnête qui fait bien son travail, au détriment de sa vie de famille (les absences répétées favorisent en général les divorces) jusqu´au flic qui est ripoux, qui transgresse la loi pour s´enrichir, qui soustraite avec la mafia, qui reçoit des pots-de-vin, qui rackette les prostituées, fait chanter les dealers et les délinquants de toute envergure mais ferme volontiers les yeux sur les crimes des grands... C´est une police de classe à laquelle on a affaire, où la cellule de base, le commissariat, est le point de départ de toutes les corruptions (avec la mairie bien sûr). Show-time est la rencontre, la collision entre le monde de la télé à fric, de la reality-TV, et d´un univers policier où on ne s´embarrasse pas de scrupules pour mener l´enquête jusqu´à son terme. Des exagérations certes, dans cette comédie qui se déroule comme une bande dessinée.