Bachar Al Assad a finalement jeté l´éponge en cédant aux pressions internationales et en annonçant le prochain retrait des troupes syriennes du Liban. De fait, l´assassinat de l´ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, tout en accélérant la crise libanaise, repose brutalement la question de la paix au Proche-Orient. Que l´on ne s´y trompe pas, la mort de Rafic Hariri est directement liée à la situation prévalant tant au Liban, dans les territoires palestiniens que dans le Golan syrien occupés. L´Occident, avec comme chef de file la France, - ancien administrateur du Liban - , et les Etats-Unis, - protecteurs attitrés d´Israël -, simplifie à l´extrême la donne libanaise en en faisant une simple question de retrait du contingent militaire syrien du pays des Cèdres. Un raisonnement à tout le moins réducteur qui ne prend pas en compte le pourquoi de la présence militaire syrienne au Liban. Or, l´armée syrienne campe dans la Bekaâ libanaise dans le cadre de l´accord de Taef de 1987, qui préconise la présence d´une force arabe d´interposition d´une part, à la demande expresse du gouvernement légal libanais, qui estime que le Liban reste menacé par les incursions de larmée israélienne d´autre part. De fait, le statu quo qui s´est établi dans la région depuis plusieurs années plaide pour cette solution qui, en tout état de cause, ne pouvait être que provisoire. Or, ceux ayant les moyens de faire dépasser cette situation de blocage, en l´occurrence les Etats-Unis et la France, notamment, n´ont rien fait ces dernières années pour faire évoluer la situation dans un sens positif pouvant aboutir à une paix globale au Proche-Orient. En fait, si les choses n´ont guère évolué c´est bien du fait du principe érigé par on ne sait qui, comme quoi on n´impose rien à Israël qui doit rester souverain dans ses décisions. Si les autres pays de la région doivent se conformer aux règles internationales, il n´en est pas fait obligation pour Israël. Aussi, les grandes puissances veillaient-elles à ne point gêner Israël dans ses manoeuvres, tant au Liban, (incursions de l´aviation israélienne au Sud-Liban, occupation des fermes de Cheba, sans que cela soulève les réserves des gardiens du temple); dans les territoires palestiniens occupés, (le veto en 2001 de Washington contre le projet de résolution de l´ONU préconisant l´envoi d´une force d´interposition internationale entre Israël et les Palestiniens, les assassinats ciblés de responsables palestiniens); en Syrie, (les actions des commandos du Mossad à Damas contre des responsables des mouvements palestiniens, occupation du Golan). En fait, dans cette région du monde, tout tourne autour de la sécurité d´Israël qui orchestre les faits à sa guise. N´ayant jamais cherché à établir une paix véritable avec ses voisins arabes, Israël joue sur plusieurs fronts, dans la perspective de contrôler l´ensemble des pays arabes frontaliers quand Israël refuse de se plier aux règles du droit international. Le Liban, maillon faible du Proche-Orient, ne dispose pas d´une vraie armée et la Constitution, -rédigée par le mandataire français en 1943-, basée sur le confessionnalisme et les différences ethniques, constitue une épée de Damoclès sur la stabilité du pays. L´assassinat de Hariri pose de fait nombre de questionnements qui resteront sans doute sans réponse tant que la situation interne au Liban, totalement imbriquée au processus de paix israélo-palestinien, dépend d´abord des solutions apportées à l´occupation du Golan syrien et des territoires palestiniens. Aussi, il serait vain de croire pouvoir résoudre le cas du Liban par le seul retrait des forces syriennes, sans par ailleurs trouver une solution définitive à la question palestinienne. L´Occident qui a toujours privilégié les rafistolages de façade qui ne mettent pas en porte-à-faux l´Etat hébreu, n´a rien fait en réalité pour aider à solutionner le dossier proche-oriental. L´Occident qui n´a rien fait pour qu´Israël applique les résolutions de l´ONU, notamment les résolutions 242 (de 1967) et 338 (de1973) du Conseil de sécurité, - qui exigent le retrait d´Israël des territoires arabes occupés -, réclame de Damas qu´elle applique sans délai la résolution 1559 (datée de 2004) demandant le retrait de l´armée syrienne du Liban. Ainsi, l´Etat hébreu peut ignorer les innombrables résolutions de l´ONU le concernant, la Syrie non, et doit s´y conformer. De fait, cyniquement, Israël exigeait que la Syrie applique totalement la résolution 1559. Ce que l´on appelle le fait du prince, ou les deux poids, deux mesures. Aussi, si la violence reprend au Liban, - avec le prochain départ des troupes syriennes -, les Etats-Unis et la France, singulièrement, y auront indirectement contribué en ménageant abusivement Israël et en faisant une lecture sélective des résolutions du Conseil de sécurité.