Sous la pression internationale, le régime syrien a subi un nouveau coup dur avec les graves déclarations de l'ancien numéro deux qui mettent à mal Bachar al Assad, accusé d'avoir joué un rôle dans la tragique disparition de l'ex-premier ministre libanais. Architecte de la politique syrienne au Liban, l'ancien vice-président syrien, Abdelhalim Khaddam, a conforté les critiques de l'enquêteur onusien dans l'assassinat de Rafic Hariri envers les dirigeants syriens. Il apporte de l'eau au moulin des Occidentaux, en rapportant les menaces directes proférées par Bachar al Assad contre l'ex-chef du gouvernement libanais quelques semaines avant sa mort dans l'attentat suicide de Beyrouth le 14 février 2005. Par ses déclarations, il conforte les soupçons contre Damas. “Tu veux nommer un président à la tête du Liban : je ne te le permettrai pas, j'anéantirai toute personne qui s'écarterait de notre décision de reconduire M. Lahoud à la tête du Liban”, c'est en ces termes que le chef de l'Etat syrien s'est adressé à Rafic Hariri, a affirmé Abdelhalim Khaddam sur la chaîne satellitaire Al Arabiya. “Quelques jours plus tard, j'ai demandé à Mohsen Dalloul de dire à abou Bahaa (Rafic Hariri) de quitter le Liban, car sa situation auprès de la Syrie était devenue compliquée”, a-t-il également indiqué. Ainsi, le président syrien Bachar al-Assad ne pouvait ignorer le projet d'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri. “Nous devons attendre les résultats de l'enquête, aucun service de sécurité syrien ne peut prendre une telle décision unilatéralement”, a ajouté le fidèle compagnon de Hafedh al Assad, tout en précisant qu'“il est impossible qu'un service de sécurité soit impliqué unilatéralement”. Rustom Ghazalé, l'ancien chef des renseignements syriens au Liban, est le responsable de la détérioration de la situation au Liban avant le retrait des troupes syriennes, affirme l'ancien chef de la diplomatie syrienne. “Rustom Ghazalé s'est comporté en maître absolu du Liban. Il a insulté Hariri, Nabih Berri (président du Parlement libanais) et Walid Joumblatt (leader druze, l'un des piliers de la classe politique libanaise). J'ai dit au président : Ghazalé se comporte d'une façon irrationnelle. Après l'assassinat de Hariri, j'ai rencontré le président le 28 février et je lui ai dit : fais revenir ce criminel et coupe-lui la tête. C'est Ghazalé qui est responsable de la dégradation de la situation au Liban”, a-t-il argumenté pour montrer le rôle de celui qui administrait le Liban pour le compte de la Syrie depuis 2002. Cette sortie médiatique a eu l'effet d'une bombe en Syrie, où une réunion extraordinaire du Parlement a eu lieu samedi pour discuter de cette affaire. Faisant le procès de Abdelhalim Khaddam, les députés l'ont accusé de haute trahison et ont voté une motion demandant qu'il soit traduit en justice. “Nous appelons le ministre de la Justice Mohammad Ghafri à faire traduire en justice Abdelhalim Khaddam pour haute trahison et à prendre les mesures nécessaires”, a indiqué le président du Parlement Mahmoud Al Abrach. Confirmant sa démission de toutes fonctions au sein du régime de Bachar al Assad car “convaincu que le processus de développement et de réformes, qu'il soit politique, économique ou administratif, ne réussirait pas”, Abdelhalim Khaddam a néanmoins appelé Damas à entamer un dialogue avec l'opposition afin qu'elle ne devienne pas un instrument de l'étranger. “Nous ne voulons pas faire la même erreur que le président irakien Saddam Hussein quand il est resté sourd aux appels au dialogue de l'opposition irakienne”, a-t-il déclaré tout en assurant être convaincu qu'il “n'y a pas d'autre moyen de protéger la Syrie que de consolider l'unité nationale par le dialogue avec toutes les parties, même celles avec lesquelles nous avons eu des animosités sanglantes”. K. ABDELKAMEL