La Syrie oeuvre pour éviter tout «affrontement» au Liban à propos du tribunal de l'ONU chargé du dossier de l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, a affirmé le président syrien Bachar al-Assad dans une interview publiée hier. «Tout affrontement, à tout moment, (...) détruirait le Liban», a affirmé M.Assad au quotidien Al-Hayat qui lui demandait si Damas écartait la possibilité d'un renouvellement des violences au Liban. «Actuellement, nous oeuvrons pour empêcher que le Liban arrive à une telle situation», a-t-il ajouté. Un bras de fer oppose le camp du Premier ministre Saâd Hariri - fils de Rafic Hariri - à celui du Hezbollah, qui accuse le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), d'être «politisé» et d'avoir basé sur de faux témoignages son enquête sur l'assassinat en 2005 de l'ancien dirigeant à Beyrouth. Le Hezbollah accuse le tribunal de l'ONU d'avoir basé son enquête sur de faux témoignages et dit s'attendre à ce que le TSL accuse des membres du parti chiite d'implication dans l'assassinat de Rafic Hariri. Le Premier ministre a toutefois fait savoir qu'il était «hors de question d'oublier le sang» de son père, et qu'il n'y aurait «aucun compromis» sur le TSL. «La situation politique n'est pas bonne au Liban, elle est même inquiétante», a déclaré M.Assad, qui a appelé au dialogue entre les différentes parties libanaises. Assurant qu'il n'était pas «en froid» avec M.Hariri, le président syrien a estimé que le Premier ministre libanais était «la personne qu'il faut en cette période difficile». «Il peut venir quand il veut (à Damas). La Syrie n'a pas fermé ses portes au Premier ministre Hariri», a poursuivi M.Assad. Dans la crise actuelle, «il est capable d'aider le Liban (...) nous pensons qu'il peut surmonter la situation». Le président syrien a toutefois dit soutenir «ceux au Liban qui affirment qu'un acte d'accusation, qui ne soit pas basé sur des preuves concluantes (..), dans un pays divisé sur des bases confessionnelles, détruirait ce pays». «C'est une logique convaincante», a-t-il souligné. Une éventuelle accusation du Hezbollah fait craindre un renouvellement des violences confessionnelles, comme en 2008, et l'effondrement du gouvernement d'union nationale. La Syrie, contrainte après l'assassinat de Hariri de retirer ses troupes du Liban après 30 ans de tutelle, avait été montrée du doigt par le camp de Saâd Hariri dans ce meurtre.