Le match du siècle France-Algérie a tenu plus que ses promesses. Il a tenu en haleine des milliers de spectateurs et des millions de mordus et de curieux qui se sont contentés de la retransmission télévisée. Tous les ingrédients avaient été réunis pour faire de cette rencontre un moment très fort d'amitié. Les deux formations avaient sélectionné leurs meilleurs éléments, et surtout, ceux capables d'assurer le meilleur résultat possible. Ainsi, Madjer a aligné d'entrée de jeu 3 joueurs seulement du cru préférant pourvoir les autres postes par des joueurs professionnels plus expérimentés et capables de rivaliser, physiquement parlant, avec leurs adversaires. L'équipe avait de l'allure même s'il lui a manqué la cohésion et le punch nécessaires. Elle jouait dans cette composition pour la première fois. Cette formation new look a, en de nombreuses occasions, tenu la dragée haute aux champions du monde emmenés par un Zidane plus maestro que jamais bien qu'un tantinet gêné par sa position en porte-à-faux. Le public a vibré en de nombreuses occasions même lorsque l'équipe de France a marqué un premier but, puis un second et un troisième. Personne n'a trouvé à redire, la logique était sauve et la meilleure équipe, la mieux préparée, la plus homogène et la plus percutante dominait les débats. La hiérarchie était respectée, mais les visiteurs démontraient de très intéressantes qualités traduites par quelques belles combinaisons entre professionnels et le superbe coup de patte de Djamal Belmadi sur coup franc. Individuellement, les Algériens faisaient mieux que jeu égal avec leurs adversaires. Mais leur jeu d'attaque faisait défaut tandis que la défense se dégarnissait et péchait trop souvent par manque de vigilance. Le spectacle dans son ensemble était agréable, peut-être un peu moins en seconde mi-temps que Zidane préféra suivre à partir du banc de touche. Les nombreux remplacements mirent à rude épreuve les attentes d'un public venu pour la fête et le spectacle et qui s'est senti peut être un peu frustré par la sortie de ses idoles, lui qui attendait ce match depuis fort longtemps. Comme dans d'autres compétitions où les spectateurs font la ola dans les tribunes, certains présents au Stade de France, qui avaient payé le prix fort pour être là, décidèrent de s'autosatisfaire en descendant sur le terrain pour marcher et courir sur cette pelouse mythique foulée par tant de stars et notamment lors de la Coupe du monde 1998. Par crainte de débordements, alors qu'aucune agression ou casse n'était signalée, et par prudence, l'arbitre portugais préféra mettre fin aux débats. Le service d'ordre bon enfant, mit du temps à maîtriser des défoulements de jeunes pas agressifs du tout et qui ne voulaient rien d'autre qu'extérioriser leur joie de courir sur ce gazon se prenant un moment pour Zidane, Belmadi et autres Tasfaout. Leur accès a été facilité par l'absence de toute barrière ou écueil entre les tribunes et le terrain comme l'avait demandé la FIFA avant la Coupe du monde 1998 et cela à l'effet de permettre aux acteurs et spectateurs d'être proches et de partager les mêmes plaisirs et la même joie. Samedi soir, malgré l'envahissement du terrain, nous étions loin du hooliganisme connu pour ses dégâts à l'intérieur et à l'extérieur des enceintes sportives comme constaté lors des dernières Coupes du monde et d'Europe. Le comportement de ces jeunes, certes condamnable, a écourté la partie et gâché la fête. Mais il n'y a eu ni incidences ni débordements fâcheux comme l'ont d'ailleurs souligné les autorités et la presse françaises. Quelle mouche a donc pu piquer l'envoyé spécial de l'ENTV qui s'est mis à donner des justifications politiques et socio-économiques en commentant l'entrée sur le terrain de ces jeunes? Ses commentaires et explications étaient certainement hors contexte et tout à fait déplacés. Il a même accusé les stadiers, de par leurs origines algériennes, de passivité complice. Ce qui nous laisse dire que ces propos étaient particulièrement graves en ses moments difficiles où tous les amalgames sont possibles.