Les réflexions publiques sur l´Etat ne sont pas le fruit de nos traditions. Le rapport de la commission Sbih aurait induit une perception positive s´il avait été mis en débat avec la participation des populations. Ainsi, le contournement d´un tel débat a laissé place à une approche de l´Etat sous les angles de l´autoritarisme, de la répression, d´une organisation institutionnelle destinée à imposer et non à convaincre. Les populations, dans leur vie quotidienne, se heurtent à la difficulté à comprendre l´étendue des attributions des différents acteurs qui interviennent dans le champ des pouvoirs locaux. Lors des élections locales, par exemple, elles sont séduites par les promesses faites par les candidats aux APC et aux APW mais déçues après du constat que les élus annoncent qu´ils ne disposent pas des attributions et des moyens en mesure de leur permettre de donner à leurs engagements un contenu concret. Elles ont la perception que le wali est «tout», qu´il dispose de tous les pouvoirs, puisqu´il a aussi celui de suspendre les élus. Elles se demandent alors pourquoi des revendications exprimées localement ne trouvent-elles pas des réponses locales, partant de leur conviction que le wali, en tant que représentant du gouvernement, et aussi du président de la République, peut décider au nom du pouvoir central. Le premier et plus haut responsable local des fonctions de souveraineté est bien le wali, selon cette perception. Le «patron» de l´exécutif local, donc de tout ce qui a trait au développement à l´urbanisme, à l´habitat, etc. est, là encore, le wali. Dans une réunion «gouvernement-walis» présidée par le président de la République, les walis s´étaient pourtant plaints de ne pas disposer d´assez de pouvoir pour être en mesure de fournir des réponses d´urgence aux attentes populaires dans le cadre de la nécessité de la célérité et de la cohérence des politiques d´action. A ce titre, ils revendiquaient l´autorité sur les représentants locaux des démembrements ministériels qu´ils appelaient les «ministères extérieurs» alors que le wali était censé disposer de compétences interministérielles. L´appellation de ministères extérieurs, remet en cause la qualité de représentant du gouvernement du wali pour faire accréditer la thèse selon laquelle ce dernier relevait exclusivement du ministère de l´Intérieur. Dans ces conditions, la question se pose de savoir si le wali est le vrai chef de l´Exécutif ou simplement le coordinateur des membres de l´Exécutif qui ont chacun à mettre en oeuvre des politiques sectorielles et à ne rendre compte, dans les faits, qu´à leurs tutelles sectorielles? Le wali dans ces conditions ne peut disposer d´un pouvoir réel sur les membres de l´Exécutif que s´il dispose du pouvoir de mettre fin à leurs fonctions, ce qui ne semble pas être le cas, malgré que les walis furent encouragés à le faire durant les années 94/95. Il y eut même un wali, dans une wilaya de l´ouest du pays, qui avait tenté de relever de ses fonctions un directeur local de Sonelgaz. Bien entendu, le DG de Sonelgaz lui avait répondu que le déroulement de carrière de ses cadres ne relevait que de la compétence de son entreprise. Alors, il serait bien entendu nécessaire que les populations locales soient informées sur l´étendue des attributions et des pouvoirs des différentes autorités locales, ce qui contribuerait au moins à les aider à frapper à la bonne porte.