Israël célèbre, en grande pompe, les soixante ans de la création d´un Etat qui s´est faite par la dépossession et l´exil d´un peuple: le peuple palestinien. Qu´Israël fête sa «création» cela indiffère à la limite, si deux grandes nations comme la France et l´Italie n´avaient pas jugé politique de placer leurs Salons du livre de Paris (qui s´est tenu en mars) et de Turin (qui s´ouvre aujourd´hui) sous le signe de l´Etat hébreu, négligeant, dans le même temps, d´avoir, ne serait-ce qu´une pensée pour les Palestiniens devenus le peuple paria de la communauté humaine. Comment en serait-il autrement lorsque Israël a travaillé durant ces dernières décennies à faire effacer des cartes le nom même de la Palestine qui, du reste, ne figure sur aucun document officiel ou sur les dictionnaires. Il y a des Palestiniens. Il n´y a pas de Palestine. Cela est la résultante du hold-up qu´a été la proclamation de l´Etat hébreu par la diaspora juive le 15 mai 1948, six mois avant l´entrée en vigueur de la résolution 181 votée le 29 novembre 1947 par le Conseil de sécurité de l´ONU. Ce dédain envers les lois internationales, n´a été que le premier d´une longue série qui a vu l´Etat hébreu ignorer les résolutions de l´ONU dont il n´appliqua aucune, et illustre en fait la naissance d´un Etat hors normes. Les Etats-Unis ont pourtant reconnu immédiatement cet Etat qui commença sa vie en foulant aux pieds la première résolution de l´ONU le concernant. Or, la résolution sus-citée, créait, sur les dépouilles de la Palestine historique, deux Etats: l´Etat juif et l´Etat arabe. Soixante ans après, seul l´Etat hébreu existe alors que l´Etat arabe est toujours en gestation et Israël fait tout pour qu´il ne voie jamais le jour. En donnant leur parrainage à cette manifestation, qui n´avait de culturel que le nom, les présidents français Nicolas Sarkozy, hier, et italien, Giorgio Napolitano, aujourd´hui, cautionnent le déni de droit qu´a été la création de l´Etat hébreu sans son pendant arabe. Il aurait été pertinent que ces illustres personnalités européennes disent un mot sur la spoliation dont ont été victimes les Palestiniens. Le président Napolitano s´offusque et accuse ceux qui s´opposent à l´honneur fait à l´Etat hébreu de vouloir «délégitimer l´Etat d´Israël». On se demande si M.Napolitano connaît les conditions dans lesquelles Israël avait vu le jour, ou s´il s´est demandé pourquoi l´Etat arabe de Palestine, créé par la même résolution de l´ONU, n´ait toujours pas vu le jour en 2008, 60 ans après la «création» d´Israël? Or, cet Etat, dont on célèbre la naissance, pratique dans les territoires palestiniens occupés, un nettoyage ethnique éhonté depuis 41 ans. Aujourd´hui, ce sont les conditions dramatiques dans lesquelles vivent les Palestiniens qui auraient dû leur donner honte, les interpeller. Non! Il est plus facile de s´extasier sur la «démocratie» israélienne laquelle n´est qu´une hypocrisie quand la population arabe israélienne, vit en situation d´apartheid et est placée dans une sorte de «second collège» de triste mémoire pour nous Algériens qui avons eu à le subir de la part des colons français. Non, il n´y avait aucune raison à ce que deux grandes manifestations culturelles comme les Salons du livre de Paris et de Turin fassent tant d´honneur à un Etat qui s´est conduit envers les Palestiniens avec tant d´indignité tout au long de ses soixante ans d´existence.