Dans cette conjoncture où le président Bush a été amené à s´interroger: «Pourquoi ne nous aime-t-on pas?», les Etats-Unis ne rendent pas service à l´Algérie en n´arrêtant pas de déclarer que celle-ci joue un rôle pivot dans la lutte antiterroriste et qu´elle est profondément engagée dans la coopération antiterroriste. Dans ces conditions, la manoeuvres conjointes apparaissent comme une préparation commune à lutter contre le terrorisme. Si les Etats-Unis disent bien que «ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous», Al Qaîda doit bien se dire que «ceux qui coopèrent avec les Etats-Unis ne sont pas avec nous, donc sont contre nous». Or, il se trouve que «le terrorisme» que combattent les Etats-Unis n´est pas celui que combat l´Algérie, de même que les méthodes ne peuvent que différer. Il n´y a pas de maquis aux Etats-Unis et les terroristes ne sont pas Américains. Il n´y a pas d´embuscades tendues aux forces armées américaines sur le territoire américain, de même qu´il n´y a pas de «Bentalha» aux Etats-Unis. Les attentats commis contre les forces armées américaines le sont en territoire irakien, et les civils qui en sont victimes ne sont pas Américains comme ne sont pas des civils américains les populations classées dans la rubrique «victimes collatérales» des bombardements américains. Les Américains pensent que le meilleur moyen de protéger leurs propres populations est d´aller combattre l´ennemi très loin, chez lui, et ce dernier utilise le même raisonnement en riposte, ce qui revient à dire que dans chaque camp est invoquée la légitime défense. Les Américains donnent une finalité politique à leur expression de puissance, tandis que leurs adversaires donnent une finalité de puissance à une idéologie galvanisatrice. Que peuvent alors attendre des Algériens les Américains qui luttent contre ce qu´ils appellent terrorisme, et que peuvent attendre les Algériens des Américains dans la lutte contre le terrorisme alors qu´ils réclament une définition internationale consensuelle de ce phénomène. Quelle est donc la forme de terrorisme dont le traitement «militaire» fait l´objet d´une coopération algéro-américaine et quelles devraient être toutes les composantes de cette coopération quand la notion de terrorisme telle que la perçoit l´Algérie ne recouvre pas toutes les perceptions américaines? Les derniers attentats commis en Algérie n´ont pas été condamnés par les Etats-Unis et n´ont pas soulevé la réprobation internationale, encore moins leur incrimination en tant qu´actes terroristes, comme le furent ceux commis à Londres. Dans la dimension internationale du terrorisme, ne faudrait-il alors incriminer que la composante qui a une implication sur les pays occidentaux?